Des milliers d’internautes osent aujourd’hui poser leurs questions les plus intimes à une intelligence artificielle. Derrière ce phénomène, se cache une réalité troublante sur notre rapport à la sexualité.
À une époque où les tabous sur la sexualité persistent, une tendance étonne : Des millions d’internautes se tournent désormais vers une intelligence artificielle pour poser leurs questions les plus intimes.
Les plateformes de discussion comme ChatGPT deviennent, pour beaucoup, le nouveau confident numérique d’une génération en quête de réponses et d’anonymat.
Ce phénomène interroge. Pourquoi préférer une machine à un être humain pour parler de désir, de plaisir ou de peur ?
La réponse est simple : L’IA ne juge pas. Elle écoute, elle répond, elle rassure. Dans un monde où le regard des autres reste pesant, l’écran devient un refuge.
Mais derrière cette apparente liberté se cache un malaise profond : Un manque d’éducation sexuelle, un déficit d’écoute, une peur du jugement. Les internautes, surtout les plus jeunes, se confient à la machine comme à une amie virtuelle, espérant y trouver des réponses à leurs doutes :
- « Puis-je tomber enceinte en m’asseyant sur des toilettes ? »,
- « Se masturber, est-ce tromper ? »,
- ou encore : « Mon corps est-il normal ? ».
Ces questions, souvent candides, révèlent une immense solitude face à l’intimité. Ce n’est pas seulement de curiosité qu’il s’agit, mais de recherche d’assurance, de validation, parfois même d’un simple mot réconfortant.
L’intelligence artificielle séduit par son ton neutre, son accessibilité immédiate, et surtout par la promesse d’un anonymat total.
Elle permet de formuler ce que l’on n’oserait jamais dire à un proche, à un médecin ou à un partenaire. Pourtant, cette confiance aveugle pose question. L’IA ne ressent rien, ne comprend pas les émotions, ne perçoit pas la souffrance.
Elle reformule, analyse, mais ne console pas.
Les spécialistes rappellent que cette dépendance numérique peut créer un déséquilibre dans la construction affective.
À force de chercher des réponses à travers un écran, certains finissent par se couper de l’échange humain, pourtant essentiel à l’épanouissement sexuel.
Cette tendance souligne un paradoxe : Jamais la société n’a autant parlé d’intimité, mais jamais elle ne l’a autant vécue seule.
Il ne s’agit pas de condamner cette curiosité, mais de la comprendre. Si les internautes questionnent massivement l’IA sur le corps, le plaisir et le désir, c’est aussi parce que le dialogue sur la sexualité reste insuffisant dans les foyers, à l’école ou dans les médias. L’intelligence artificielle ne remplace pas l’humain : Elle en révèle les manques.
En fin de compte, la popularité de ces recherches intimes en dit long sur notre époque : On cherche à comprendre l’amour sans oser le vivre, à connaître le plaisir sans en parler, et à se confier sans être vus.
Source : Yann, Webmaster de MyJournal.fr

Yann GOURIOU est rédacteur et responsable éditorial de MyJournal.fr. Passionné d’actualité, de société et de récits de vie, il signe chaque article avec une approche humaine, sensible et engagée. Installé en Bretagne, il développe un journalisme proche du terrain, accessible et profondément ancré dans le quotidien des Français.
