Retour de Coco sous Bounty : l’État alerte et saisit l’Arcom pour protéger les mineurs

Coco renaît sous le nom de Bounty : L’État alerte et saisit l’Arcom pour protéger les mineurs

INTERNET

Le 17 août 2024, une date qui paraissait anodine sur le calendrier d’un été étouffant, a marqué le retour d’une ombre que beaucoup croyaient disparue. Coco, ce site de discussions en ligne fermé par décision judiciaire en 2024 après avoir été associé à des affaires de pédocriminalité, proxénétisme de mineurs et guets-apens homophobes, vient de renaître sous un nouveau nom : Bounty. L’information, révélée par BFMTV, a immédiatement soulevé l’inquiétude des autorités françaises.

Quand Coco renaît sous le nom de Bounty 

L’histoire de Coco est connue. En surface, il s’agissait d’un simple forum de discussions anonymes, un lieu où chacun pouvait échanger librement. Mais derrière cette façade se cachaient des dérives criminelles glaçantes. En juin 2024, la justice avait ordonné sa fermeture, jugeant que le site était devenu une véritable plateforme pour des activités illégales. On croyait l’affaire close. Mais l’Internet a cette capacité inquiétante : Effacer une trace d’un côté, et la voir ressurgir de l’autre.

C’est sous l’identité de Bounty que le spectre est revenu. Interface quasi identique, absence de modération, contenus explicites accessibles sans aucun contrôle d’âge : Tout laisse penser à un simple changement de façade. Une continuité troublante qui a poussé Sarah El Haïry, ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et de la Famille, à réagir immédiatement. La ministre a saisi l’Arcom, alerté le parquet, ainsi que les ministères de la Justice et de l’Intérieur. La plateforme Pharos, dédiée au signalement des contenus illégaux en ligne, a également été mobilisée.

« Pas question de laisser ce type de forum renaître », a-t-elle martelé. Car derrière les pseudonymes et les écrans, ce sont de vraies victimes, souvent mineures, qui paient le prix fort.

La résurgence de Bounty illustre un paradoxe : Dans un monde hyperconnecté, où chaque clic laisse une empreinte, des espaces entiers échappent encore au contrôle. L’affaire met aussi en lumière les limites de la lutte numérique. Fermer un site ne suffit pas toujours. Il peut renaître ailleurs, sous un autre nom, comme un phénix malfaisant.

Cette répétition soulève une question essentielle : Comment protéger efficacement les mineurs et garantir qu’Internet ne soit pas détourné en terrain de chasse pour les prédateurs ? L’Arcom, autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, aura ici un rôle déterminant. Mais elle ne pourra agir seule. C’est une bataille collective : Celle de l’État, de la justice, des plateformes, mais aussi des citoyens appelés à signaler et rester vigilants.

Car Bounty n’est pas seulement un site cloné : Il est le symbole d’une lutte permanente entre le droit et la dérive, entre l’ombre et la lumière. Et tant que la vigilance ne sera pas constante, d’autres renaissances seront toujours possibles.

Ainsi, dans ce jeu du chat et de la souris numérique, une seule certitude demeure : La traque doit continuer, « jusqu’au bout », comme l’a écrit BFMTV en reprenant les mots glaçants qui résument ce combat contre les prédateurs invisibles.

Biographie du site Coco

Biographie du site Coco : De sa naissance à sa résurrection sous Bounty

Les débuts d’un forum anonyme (2003 – 2010)

C’est en 2003 que le site Coco.gg, plus connu simplement sous le nom de Coco, voit le jour. À l’origine, il s’agit d’un forum de discussion anonyme destiné à mettre en relation des internautes de tout âge. Le principe est simple : Pas besoin de s’inscrire, pas de vérification d’identité, seulement un pseudonyme éphémère pour discuter librement.

Cette apparente liberté séduit rapidement. Des milliers d’utilisateurs s’y connectent chaque jour, attirés par la promesse d’échanges spontanés, de rencontres, de débats ou simplement de bavardages virtuels. Mais dès ses premières années, le site souffre de sa quasi-absence de modération. Derrière l’anonymat, certains se sentent tout permis.

La lente dérive vers le pire (2010 – 2020)

Au fil des ans, Coco bascule progressivement dans une zone trouble. Les conversations légères laissent place à des dérives inquiétantes. Propos racistes, homophobes, misogynes, contenus pornographiques explicites… tout circule sans filtre.

Pire encore, la plateforme attire des individus mal intentionnés :

  • Des prédateurs sexuels profitent de l’absence de contrôle d’âge pour approcher des mineurs.
  • Des proxénètes utilisent le site pour recruter ou piéger des victimes.
  • Des groupes haineux s’en servent pour préparer des guets-apens, notamment homophobes.

La réputation de Coco devient sulfureuse. Les médias commencent à le surnommer « le forum de la honte ».

Coco et les faits divers qui ont marqué la France

Plusieurs affaires judiciaires révèlent l’ampleur des dérives :

  • Les viols collectifs de Mazan (Vaucluse, 2021-2022)
    Des adolescents y sont attirés par de faux profils créés sur Coco. Le site est directement mentionné dans l’enquête. Des prédateurs s’en servaient pour piéger leurs futures victimes.
  • Des guets-apens homophobes (2020 – 2023)
    Plusieurs jeunes homosexuels, croyant rencontrer quelqu’un via Coco, se retrouvent en réalité piégés, agressés, parfois violentés. Ces affaires ont été largement médiatisées.
  • Affaires de proxénétisme de mineurs
    Le parquet de Paris a plusieurs fois constaté que Coco servait de relais pour mettre en relation des adultes et des adolescents en situation de vulnérabilité, parfois poussés vers la prostitution.
  • Trafic de stupéfiants
    Certains utilisateurs se vantaient sur le site de vendre drogue et médicaments détournés, renforçant l’image d’un espace de non-droit.

Chaque nouvelle affaire liée à Coco renforçait la pression sur les autorités.

La chute de Coco : Fermeture en 2024

Face à ces dérives récurrentes et aux enquêtes judiciaires, la justice française finit par agir. En juin 2024, le parquet de Paris annonce la fermeture définitive du site Coco.

La décision est saluée par les associations de protection de l’enfance et par plusieurs personnalités politiques. On pense alors avoir mis fin à près de vingt ans de dérives numériques.

Une résurrection inquiétante : Bounty (août 2024)

Mais la tranquillité sera de courte durée. Le 17 août 2024, une copie quasi identique de Coco apparaît sur la toile. Son nom change : Désormais, on l’appelle Bounty. Mais tout le reste demeure :

  • Même interface,
  • Mêmes discussions anonymes,
  • Mêmes contenus explicites,
  • Toujours aucune vérification d’âge.

La ministre déléguée chargée de l’Enfance, Sarah El Haïry, réagit immédiatement. Elle saisit l’Arcom, alerte le parquet et les ministères de la Justice et de l’Intérieur.

« Pas question de laisser ce type de forum renaître », déclare-t-elle.

Coco/Bounty : Le symbole d’une lutte permanente

En vingt ans, Coco est passé du statut de petit forum de discussion anonyme à celui de symbole des dérives incontrôlées d’Internet. Sa résurrection sous le nom de Bounty rappelle une vérité inquiétante : Fermer un site ne suffit pas toujours à éradiquer ses dangers.

Les autorités françaises devront redoubler de vigilance pour empêcher que Bounty ne devienne, comme son prédécesseur, un refuge pour prédateurs, proxénètes et réseaux criminels.

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