Margaux : Comment expliquer que chaque jour en prison coûte à l’État français 110 euros par détenu, alors même que les établissements sont surpeuplés et souvent jugés inadaptés ?
Le coût des prisons : Un défi pour la justice française
Dans les couloirs des maisons d’arrêt françaises, l’écho des discussions entre surveillants pèse autant que l’atmosphère oppressante des cellules surpeuplées. Chaque jour, l’État dépense environ 110 euros par détenu, une somme colossale à l’échelle nationale. Mais d’où vient ce chiffre, et que recouvre-t-il vraiment ?
Gérald Darmanin, fraîchement nommé Garde des Sceaux, a remis au premier plan cette question lors de ses déclarations récentes, promettant une réforme des prisons pour les rendre « à taille humaine ». Ce projet soulève des enjeux financiers, humains et sociétaux majeurs.
Une dépense structurelle colossale
Le coût de la détention est avant tout lié à la gestion des infrastructures pénitentiaires, qui englobe :
- La construction et la maintenance des établissements : Avec un parc vieillissant, souvent critiqué pour ses conditions insalubres, les travaux de rénovation sont nombreux et coûteux.
- Les nouvelles constructions : Pour répondre à la surpopulation carcérale, des projets d’extension ou de nouvelles unités à taille humaine sont lancés, comme le préconise le nouveau Ministre.
Le poids du personnel pénitentiaire
La France compte plus de 40 000 agents pénitentiaires, dont les salaires représentent environ 70% du budget de l’administration pénitentiaire. Cette enveloppe inclut les surveillants, mais aussi les travailleurs sociaux, médecins, psychologues, et autres intervenants. Pourtant, ces effectifs peinent à faire face à la charge, notamment dans les établissements les plus surpeuplés, où la tension est palpable.
Des coûts de fonctionnement à la hausse
Les dépenses de fonctionnement incluent :
- L’alimentation des détenus : Bien que basiques, ces repas représentent une part non négligeable des coûts.
- Les soins de santé : La santé physique et mentale des détenus exige des ressources médicales importantes, notamment dans un contexte où les troubles psychiatriques sont surreprésentés.
- Les activités et la réinsertion : Bien que parfois limités, ces programmes visent à prévenir la récidive.
Une surpopulation coûtant cher à tous les niveaux
La France comptait environ 73 000 détenus en 2023 pour environ 60 000 places opérationnelles, soit un taux d’occupation moyen de 120%. Cette surpopulation aggrave les coûts :
- Tensions accrues : La violence entre détenus et envers le personnel pénitentiaire nécessite des mesures de sécurité supplémentaires.
- Entretien des infrastructures : Les locaux s’usent plus rapidement dans un contexte de saturation.
- Impact sur la réinsertion : Les détenus ayant accès à moins de programmes de formation ou d’activités ont plus de risques de récidiver, augmentant indirectement les coûts à long terme.
Des alternatives possibles
Face à ces défis, des solutions moins coûteuses pourraient être privilégiées :
- Le bracelet électronique : Avec un coût quotidien d’environ 10 euros, il représente une alternative économique pour les détenus à faibles risques.
- Les travaux d’intérêt général (TIG) : Ces peines permettent de réduire les coûts tout en ayant un impact positif sur la société.
- La prévention de la récidive : Investir dans des programmes d’éducation et de formation pendant la détention pourrait à terme limiter les dépenses.
Un système à repenser
Le coût de 110 euros par jour et par détenu révèle les faiblesses structurelles du système pénitentiaire français. Si des initiatives comme celles préconisées par Gérald Darmanin vont dans le bon sens, elles doivent s’accompagner d’une vision à long terme, axée sur la réinsertion et la réduction de la surpopulation carcérale.