Mina, une jeune étudiante de Téhéran, ose sortir tête nue dans les rues de la capitale. Mais elle ignore encore que des caméras la scrutent, que des drones la filment et qu’un système de reconnaissance faciale est en train d’analyser son visage. Comment le régime iranien traque-t-il les femmes qui refusent de porter le voile ?
Depuis la révolution islamique de 1979, le port du voile est obligatoire pour toutes les femmes en Iran. Mais depuis quelques années, une résistance grandissante se fait entendre, portée par des Iraniennes prêtes à braver les interdits au péril de leur liberté. Face à cette contestation, le régime a décidé d’employer les méthodes les plus modernes pour surveiller, identifier et punir celles qui osent défier la loi.
Une surveillance technologique de plus en plus sophistiquée
Le gouvernement iranien a renforcé son arsenal de surveillance en utilisant la reconnaissance faciale et des drones pour traquer les femmes ne portant pas le voile. Ces technologies, inspirées de celles utilisées en Chine, permettent aux autorités d’identifier rapidement les contrevenantes et de leur envoyer des avertissements, voire des sanctions immédiates.
Les caméras de surveillance, déjà omniprésentes dans les rues des grandes villes comme Téhéran, Ispahan et Machhad, sont désormais couplées à des logiciels de reconnaissance faciale. Ces logiciels analysent les visages et comparent les images avec les bases de données gouvernementales. Une femme qui sort sans voile risque d’être identifiée en quelques minutes, et il lui suffit parfois de rentrer chez elle pour découvrir un SMS officiel l’informant de son infraction.
Drones et contrôle numérique : Une répression invisible
Outre les caméras fixes, le régime a récemment déployé des drones équipés de capteurs sophistiqués pour détecter les femmes qui ne respectent pas le code vestimentaire islamique. Ces appareils volent à basse altitude dans les centres urbains, enregistrant les passants et transmettant les images en temps réel aux forces de l’ordre. Ce type de surveillance est particulièrement redouté, car il ne laisse aucun angle mort aux dissidentes.
L’intelligence artificielle joue également un rôle central dans cette répression. Les réseaux sociaux, où de nombreuses Iraniennes partagent des photos et vidéos d’elles sans hijab, sont constamment scrutés. Des algorithmes sophistiqués analysent les publications et signalent automatiquement les personnes identifiées comme en infraction. Des influenceuses et militantes des droits des femmes ont été arrêtées de cette manière, simplement pour avoir posté une image d’elles dévoilées.
Des sanctions immédiates et un climat de terreur
Les conséquences pour celles qui osent défier la loi sont sévères. Le gouvernement a instauré un système de sanctions progressives allant de l’amende à l’emprisonnement. Dans un premier temps, les femmes identifiées comme ne portant pas le hijab reçoivent un avertissement par message ou par courrier officiel. Si elles récidivent, elles risquent de voir leur permis de conduire suspendu, leur compte bancaire bloqué, voire d’être arrêtées par la police des mœurs.
Des cas de violences policières ont été rapportés, notamment lors d’arrestations de femmes ayant refusé de se conformer aux règles. Certaines ont été battues en pleine rue, d’autres ont disparu pendant plusieurs jours avant d’être libérées sous caution. La répression s’étend également aux familles : Les proches des femmes identifiées peuvent eux aussi être interrogés, voire sanctionnés.
Un bras de fer entre le régime et la jeunesse iranienne
Malgré la répression, la résistance ne faiblit pas. De plus en plus de jeunes Iraniennes refusent de porter le hijab, contestant ouvertement l’autorité du régime. Les réseaux sociaux sont devenus un terrain de lutte, où des vidéos virales montrent des femmes se tenant la main, cheveux au vent, en signe de protestation.
Les manifestations de masse, comme celles qui ont suivi la mort de Mahsa Amini en 2022, montrent que la colère ne retombe pas. Des hommes rejoignent également le mouvement, dénonçant la répression et soutenant les droits des femmes. Le régime se retrouve ainsi face à un dilemme : Intensifier encore la surveillance et la répression, ou risquer de voir la contestation s’amplifier au point d’ébranler son autorité.
Quel avenir pour les Iraniennes ?
L’usage de la reconnaissance faciale et des drones en Iran marque une nouvelle étape dans la surveillance de la population. Cette répression technologique pose une question cruciale : Jusqu’où le régime est-il prêt à aller pour maintenir son contrôle sur les femmes et leur liberté vestimentaire ?
Si les technologies de surveillance offrent au gouvernement iranien un pouvoir sans précédent, elles ne suffisent pas à étouffer la contestation. Chaque jour, de nouvelles voix s’élèvent, défiant l’oppression avec courage. L’issue de cette lutte reste incertaine, mais une chose est sûre : La détermination des Iraniennes ne faiblira pas face aux drones et aux algorithmes de la répression.