Clémentine : « Quand j’ai vu que Philippe de Villiers revendiquait plus d’un million de signatures pour exiger un référendum sur l’immigration, je me suis demandé : Sommes-nous face à une réelle mobilisation citoyenne ou à une manipulation orchestrée par des réseaux bien huilés ? »
Le vent du soupçon souffle sur une France divisée
C’était un matin de septembre comme les autres. Le soleil perçait à peine la brume dans les campagnes vendéennes, lorsque Philippe de Villiers, fondateur du Puy du Fou et figure tutélaire de la droite conservatrice, a brandi une information qui allait enflammer les débats politiques et médiatiques français : Sa pétition contre l’immigration aurait recueilli 1,6 million de signatures.
La nouvelle est tombée comme une météorite dans l’arène politique, relayée en boucle sur les chaînes de télé du groupe Bolloré, du Journal du Dimanche à Europe 1, en passant par CNews. À l’écran, on voyait l’homme de 75 ans, silhouette droite, verbe tranchant, évoquer le “droit du peuple à décider de son avenir”. Et cet avenir, à l’en croire, passerait par un référendum sur l’immigration.
Mais très vite, ce chiffre, 1,6 million, a éveillé les soupçons. Trop gros ? Trop beau ? Trop politique ? Une enquête journalistique s’est imposée. Et les révélations qui ont suivi ont semé le doute, même chez certains soutiens de la première heure.
Une campagne orchestrée comme une opération militaire
Dès le 7 septembre, un encart spécial du Journal du Dimanche (désormais propriété de Vivendi) annonçait en une : « Signez la pétition pour un référendum sur l’immigration ». À l’intérieur, un QR code, renvoyant vers un site dédié : referendum-immigration.com.
En moins de 10 jours, selon les organisateurs, plus de 1,6 million de personnes auraient apporté leur signature.
Ce chiffre, bien que non vérifié par une autorité indépendante, est martelé sur les plateaux télé et les tribunes d’opinion. Mais aucun huissier, aucun organisme neutre ne vient attester de la véracité de ce score spectaculaire.
Selon L’Indépendant, ce chiffre est largement controversé et suscite une vague de critiques sur les réseaux sociaux, y compris parmi les juristes et les journalistes.
Signatures en double, triple, quadruple : Les failles d’un système flou
La pétition est accessible à tous. Il suffit de renseigner un nom, un prénom, un code postal et un email. Rien n’empêche un internaute de signer plusieurs fois, avec des variantes minimes : “Jean Dupont” devient “J. Dupont” puis “Jean D.”.
💡 Aucune vérification via FranceConnect, ni demande de pièce d’identité. Aucune barrière technique réelle.
RMC rapporte que des testeurs ont pu signer plusieurs fois sans que le système ne les bloque.
Philippe de Villiers se défend en expliquant que des “vérifications d’adresse IP et d’adresse email” sont effectuées. Mais dans les faits, rien ne garantit l’unicité des signataires. Et même les adresses email… peuvent être fictives.
Sur le site, une petite case pré-cochée autorise en prime l’envoi “d’offres promotionnelles et d’informations des médias partenaires”. Une manière, selon certains observateurs, de gonfler les bases de données marketing du groupe Bolloré sous couvert de militantisme.
Une démarche anticonstitutionnelle ?
Mais le fond du problème n’est pas que technique. Il est juridique.
👉 En France, seul un référendum proposé par le Président de la République ou soutenu par 185 parlementaires + 10% du corps électoral (environ 4,9 millions de citoyens) peut être soumis au vote, selon l’article 11 de la Constitution.
Or, aucun cadre juridique ne permet aujourd’hui à une pétition citoyenne — même forte de millions de signatures — de provoquer un référendum sur une question aussi sensible que l’immigration.
La pétition de De Villiers, pour spectaculaire qu’elle soit, n’a aucune valeur légale.
C’est donc une opération symbolique, politique, médiatique. Et certains y voient même une campagne déguisée, voire un outil de propagande habilement orchestré.
Bolloré, en coulisses
Impossible de parler de cette pétition sans évoquer Vincent Bolloré. Le milliardaire breton, patron de Vivendi, contrôle désormais la quasi-totalité des médias qui ont promu la campagne : CNews, Europe 1, Le JDD, Paris Match.
Derrière l’appel à signer se dessine une machine de guerre médiatique : Articles de presse coordonnés, relais sur les réseaux, présence renforcée des invités pro-pétition dans les émissions de débat, éléments de langage répétés à l’unisson.
Pour Le Monde, il s’agit d’un “exemple spectaculaire de convergence éditoriale et militante”, orchestrée par une galaxie Bolloré en croisade contre l’immigration.
La droite séduite, l’extrême droite embarrassée
Du côté des Républicains, plusieurs figures comme Laurent Wauquiez ou Bruno Retailleau ont affiché leur soutien à la pétition. Le thème de l’immigration, jugé prioritaire par leur électorat, est un terrain favorable.
Mais au Rassemblement National, la gêne est palpable. Officiellement, personne ne critique la démarche. Mais Marine Le Pen, Jordan Bardella et leurs proches savent que cette initiative pourrait leur faire de l’ombre.
Une pétition aussi massive, médiatisée, marquée par une vision identitaire et chrétienne du monde, menace de court-circuiter leur discours traditionnel. D’autant que De Villiers, personnage flamboyant, bénéficie d’une aura intacte chez les conservateurs.
16 millions ? La fake news qui fait tâche
Là où le bât blesse, c’est que certaines personnalités et médias ont gonflé artificiellement les chiffres. Une affirmation virale évoque 16 millions de signatures, soit près d’un Français sur quatre.
Cette information est fausse. Ni le site officiel, ni aucun média sérieux ne l’atteste.
L’Indépendant titre d’ailleurs : « Elle revendique 16 millions de signatures ? On vous explique pourquoi cette pétition fait polémique. »
Un signal fort, mais pas une révolution démocratique
La pétition de Philippe de Villiers est un coup politique, un acte de communication calibré, une démonstration de force médiatique.
Oui, plus d’un million de personnes l’ont signée. Mais dans quelles conditions ? Avec quelles vérifications ? Pour quels effets réels ?
Car en dépit du chiffre impressionnant, aucune réforme, aucun référendum, aucun projet de loi n’est né de cette initiative. L’immigration reste un sujet explosif, mais la démocratie, elle, ne se décrète pas par QR code interposé.
🧾 Sources citées dans l’article :
- L’Indépendant, 18 septembre 2025 : lindependant.fr
- Le Monde, 17 septembre 2025
- RMC / BFMTV, 16 septembre 2025
- Public Sénat, 13 septembre 2025
Allez les rageux. ! Philippe De Villiers à raison
La France à besoin de référendum et surtout que les Francais puissent donner leur opinions sur des sujets importants