“Et si les ‘Français de souche’ n’étaient qu’un mythe ?” murmure Amandine, en relisant les mots de Sandrine Rousseau, bouleversée par ce qu’elle vient d’entendre à l’Assemblée.
« Les Français de souche n’existent pas » : Quand Sandrine Rousseau secoue la République jusqu’à ses racines
C’était une journée comme tant d’autres à l’Assemblée Nationale, jusqu’à ce que les mots de Sandrine Rousseau tombent comme une pluie d’orage. Ce jeudi 26 juin 2025, dans un hémicycle aux couleurs feutrées mais aux débats incandescents, la députée écologiste s’est levée, l’allure déterminée, le regard rivé droit devant. Le sujet ? Un texte de loi porté par le président des Républicains, Éric Ciotti, visant à restreindre les mariages entre Français et personnes en situation irrégulière. Un texte qui, selon ses auteurs, cherche à mettre fin aux “mariages blancs”.
Mais très vite, ce ne sont plus les contours juridiques de la proposition de loi qui captivent les députés. Ce sont les mots de Rousseau.
« Les Français de souche n’existent pas », affirme-t-elle.
« Nous sommes tous les produits de multiples flux migratoires. Nous avons été traversés, remués, bousculés. Et heureusement. »
L’instant est suspendu. Les bancs de la droite s’agitent, les sourcils se froncent. Dans les tribunes, une tension palpable envahit l’air. Car ce que Rousseau vient de briser, ce n’est pas qu’un mythe, c’est une construction identitaire, entretenue depuis des décennies, parfois à des fins politiques, parfois comme simple refuge historique.
Une parole qui dérange… ou qui libère ?
Amandine, une étudiante en anthropologie politique, regarde la séance retransmise en direct sur son écran. Elle est née à Limoges, fille d’un père originaire de Corrèze et d’une mère kabyle naturalisée en 1989. À l’écoute de Sandrine Rousseau, elle sent quelque chose vibrer en elle. Une vérité. Ou peut-être une blessure jamais totalement refermée.
“Et si les ‘Français de souche’ n’étaient qu’un mythe ?” se demande-t-elle en silence.
Sandrine Rousseau, fidèle à son franc-parler, poursuit. Elle évoque la complexité de l’histoire française, faite de colonisations, de décolonisations, de migrations volontaires ou forcées, d’amours transfrontaliers, de clandestinités assumées et de destins mêlés. Elle affirme que vouloir restreindre les mariages entre citoyens français et étrangers revient à nier la richesse même de cette pluralité.
Face à Éric Ciotti, la fracture républicaine
Le texte en question, porté par Éric Ciotti, prévoit notamment de refuser la transcription à l’état civil français des mariages célébrés à l’étranger lorsqu’un des époux est en situation irrégulière. Une mesure jugée “de bon sens” par la droite, qui y voit un rempart contre les fraudes au mariage, les “mariages gris” et autres dérives administratives. Mais dans les rangs de la gauche, c’est l’indignation. Pour Sandrine Rousseau et d’autres membres de la NUPES, ce texte ouvre la voie à une “france administrative inhumaine”, où l’amour devient suspect, où l’union devient suspecte.
Et surtout, il impose, à travers ses mots, une hiérarchisation implicite : Celle d’un Français “authentique”, enraciné, légitime, et d’un autre, l’Autre, à surveiller, à soumettre, à trier.
Quand l’histoire rattrape la politique
Sandrine Rousseau n’en est pas à sa première provocation verbale. Mais ce jour-là, ce n’est pas une petite phrase qu’elle lâche : C’est une détonation. La notion de “Français de souche” a longtemps été utilisée dans les discours de l’extrême droite pour affirmer une pureté identitaire. Elle est aujourd’hui dénoncée comme une construction raciale sans fondement scientifique.
“Le concept même de souche, appliqué à un peuple, est une absurdité biologique et une aberration historique”, rappellera plus tard un professeur du CNRS interrogé par France Info.
Et Rousseau, dans un second souffle, évoque ces Français venus d’Algérie, d’Italie, de Pologne, d’Espagne, du Mali, du Vietnam, du Liban… Elle parle des enfants métissés qui chantent la Marseillaise, des couples mixtes qui élèvent leurs enfants en trois langues, des naturalisations qui enrichissent la République.
Une Assemblée qui vacille
Dans l’hémicycle, les réactions fusent. Jean‑Philippe Tanguy, hausse le ton : “Vous insultez des millions de Français qui aiment leur pays, leurs racines !”.
Marine Le Pen twitte dans la foulée :
“Les Français de souche n’existent pas ? Rousseau continue de déconstruire la France.”
Du côté de Renaissance, on esquive prudemment la polémique.
Mais sur les réseaux sociaux, la déclaration fait mouche. Le mot‑clé #FrançaisDeSouche explose. Les commentaires s’enflamment : Entre applaudissements enthousiastes et réactions outrées, la France se divise à nouveau sur la question de ses origines.
Une société face à son propre reflet
Amandine referme son ordinateur. Elle ne sait pas si Sandrine Rousseau avait raison sur tout. Mais elle sait une chose : La France ne peut plus faire semblant d’être une société figée dans le marbre. Elle est vivante, mouvante, bigarrée. Parfois désordonnée. Et c’est justement cela qui la rend belle.
Dans un coin de son cahier, elle note :
“La souche est un mythe. Le vivant, c’est la greffe.”