« J’étais devant mon écran, le son à peine monté, lorsque j’ai entendu cette phrase sidérante : “Mon grand-père né à Oran, qui a déporté les juifs à Auschwitz…” Le silence est tombé autour de moi. Était-ce une erreur ? Un lapsus ? Une vérité inavouable ? Je n’en revenais pas. Comment un député de la République peut-il prononcer une telle phrase sans que personne ne l’interrompe ? J’ai besoin de comprendre… Que s’est-il passé exactement ce jour-là ? »
Il était un jour comme tant d’autres dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale. Les députés, répartis sur les bancs selon leurs couleurs politiques, débattaient ardemment, parfois bruyamment, des grandes questions de notre temps. Et puis, dans ce théâtre où chaque mot peut faire basculer une carrière, un silence glacial s’est abattu, l’espace d’une seconde suspendue dans le temps. Un homme venait de prononcer une phrase qui, en quelques syllabes seulement, allait faire basculer le débat dans l’irréel.
« Mon grand-père né à Oran, qui a déporté les juifs à Auschwitz… »
La voix appartenait à Sébastien Delogu, député de La France Insoumise. L’homme est connu pour ses prises de position tranchées, son franc-parler, sa gestuelle parfois théâtrale. Mais ce jour-là, il ne jouait pas. Ou plutôt, il s’est retrouvé malgré lui au cœur d’un drame d’énonciation, un lapsus si spectaculaire qu’il fit vaciller l’auditoire.
Dans les premières secondes, l’incrédulité dominait. Certains parlementaires crurent avoir mal entendu. D’autres, plus attentifs, levèrent les yeux, interloqués. Était-ce une citation ? Une maladresse ? Ou pire, une révélation ? Sébastien Delogu, manifestement, n’avait pas réalisé l’ampleur de ce qu’il venait de dire. Il poursuivait, imperturbable, comme si sa langue n’avait pas trahi sa pensée.
Mais la mémoire collective, elle, ne laisse rien passer. Très vite, la vidéo de son intervention se retrouva sur les réseaux sociaux. Les commentateurs de tous bords, journalistes, influenceurs, simples citoyens, s’emparèrent de l’extrait, le rejouant en boucle. On analysait, on spéculait, on ironisait.
Comment un élu de la République pouvait-il prononcer une telle phrase sans réagir immédiatement ? Il s’agissait, de toute évidence, d’un lapsus. Mais un lapsus si chargé d’histoire, si dense de tragédies humaines, qu’il était impossible de le banaliser.
Car Oran, c’est l’Algérie coloniale. C’est une ville marquée par une histoire complexe, celle des Pieds-Noirs, des Juifs séfarades, des Musulmans algériens, du départ, de l’arrachement. Et Auschwitz, c’est le nom du plus grand camp d’extermination de la Seconde Guerre Mondiale. C’est un mot qui ne souffre aucune approximation. Y accoler une ascendance familiale, même de manière involontaire, c’est créer une faille dans le récit républicain.
Sébastien Delogu, conscient après coup de la gravité de ses mots, tenta de rectifier. Il expliqua qu’il avait voulu dire : « Mon grand-père, né à Oran, qui a été victime de la politique coloniale et des discriminations… » Mais le mal était fait. Le lapsus avait été prononcé, enregistré, disséqué. Et dans ce monde médiatique qui ne pardonne rien, il devint un moment d’archives.
Les adversaires politiques ne se firent pas prier pour dénoncer cette « erreur scandaleuse ». Certains allèrent jusqu’à demander des excuses publiques, d’autres réclamèrent des sanctions symboliques. Les soutiens de Delogu, eux, parlèrent de chasse à l’homme, de mauvaise foi manifeste, de manipulation politique.
Mais au-delà de l’agitation politicienne, ce lapsus ouvrait une fenêtre sur un malaise plus profond. Celui de la mémoire, de l’ignorance historique, de la difficulté à manier des références aussi sensibles. Car en politique, les mots sont des armes. Et celui-là, sans le vouloir, avait touché au cœur de l’Histoire.
L’histoire de cet instant n’est pas seulement celle d’un homme qui trébuche sur un mot. C’est celle d’un pays dont les plaies sont encore à vif. Celle d’un peuple en perpétuelle quête de vérité et de justice. Celle de mémoires qui s’entrechoquent, entre héritage colonial, mémoire de la Shoah, et transmission familiale.
Dans les jours qui suivirent, Sébastien Delogu resta discret. Aucun plateau télé, aucune grande déclaration. Peut-être parce qu’il savait que chaque mot supplémentaire pourrait aggraver la situation. Peut-être aussi parce qu’il mesurait, enfin, la puissance destructrice du langage mal maîtrisé.
Et dans ce silence post-lapsus, la France s’interrogeait. Non pas seulement sur la phrase elle-même, mais sur ce qu’elle révélait de notre époque. Une époque où les paroles dépassent les intentions, où l’immédiateté écrase la nuance, où la vérité historique devient un champ de mines.
Ainsi, ce jour-là, dans l’enceinte solennelle de l’Assemblée Nationale, un homme a prononcé une phrase qu’il n’aurait jamais dû dire. Et cette phrase, lourde de sens et d’ambiguïté, continue de résonner, bien au-delà des murs du Palais Bourbon.