Marie-Élise, une retraitée passionnée par les échanges sur Facebook, demande : « Comment ces prétendus amoureux virtuels parviennent-ils à nous manipuler et à nous dépouiller ? »
Chaque année, des milliers de personnes tombent dans le piège des arnaques sentimentales, orchestrées par des cybercriminels surnommés brouteurs. Ces individus, souvent localisés en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire, utilisent des stratagèmes sophistiqués pour manipuler leurs victimes et leur soutirer des sommes considérables.
Dans cet article, nous découvrirons non seulement les méthodes employées par ces escrocs, mais aussi un témoignage rare d’un brouteur qui dévoile les coulisses de ses activités.
Les victimes ciblées : L’art de jouer sur les émotions
Les brouteurs exploitent la solitude et la vulnérabilité des personnes, souvent isolées ou fragilisées par des événements de vie. Cela a été le cas pour Marie-Jacqueline, une retraitée qui, en plein confinement, cherchait à briser l’ennui sur Facebook. Elle est tombée sous le charme d’un homme qu’elle croyait être un entrepreneur français. En réalité, il s’agissait d’un brouteur utilisant des photos volées pour créer un faux profil.
Le processus est toujours similaire : Les brouteurs entament une relation virtuelle, inondant leurs victimes de compliments et de promesses romantiques. Ils font preuve d’une écoute attentive et adaptent leurs discours à la personnalité de la cible.
L’objectif ? Gagner leur confiance et les manipuler psychologiquement. Marie-Jacqueline avoue : « Ce qui m’a séduite, c’est sa manière de parler. Ça semblait tellement sincère. »
Selon les experts, les victimes sont souvent des personnes isolées, en quête de compagnie ou traversant une période difficile. Les arnaqueurs savent exploiter ces fragilités à leur avantage, en jouant sur les besoins émotionnels et les attentes de leurs victimes.
Le piège financier : Petits virements, grosses pertes
Après avoir instauré un lien de confiance, les brouteurs passent à l’attaque. Ils inventent des histoires rocambolesques pour justifier leurs besoins financiers : Frais de douane, urgence médicale, projet bloqué, ou encore besoins impératifs pour des enfants fictifs.
Dans le cas de Marie-Jacqueline, son amoureux prétendait que ses voitures étaient bloquées à la frontière espagnole et qu’il avait besoin d’argent pour payer les douanes. Au début, il demandait de petites sommes, facilement acceptables. Peu à peu, ces demandes sont devenues plus importantes, atteignant des centaines d’euros à chaque fois. Finalement, Marie-Jacqueline a perdu 14 000 euros, des économies qu’elle avait mises de côté pour sa retraite.
« Chaque demande était accompagnée d’une urgence ou d’une histoire poignante. J’étais convaincue que je l’aidais à régler des problèmes réels. » Ces stratagèmes permettent aux brouteurs de soutirer des milliers d’euros à leurs victimes, parfois sur plusieurs années.
Témoignage exclusif : Les coulisses des brouteurs
Pour mieux comprendre ces arnaques, nous avons rencontré Cédric (pseudonyme), un brouteur ivoirien qui a accepté de parler sous couvert d’anonymat. Installé dans un quartier modeste d’Abidjan, Cédric nous explique son quotidien et ses méthodes.
Le matériel minimal : « Tout ce dont j’ai besoin, c’est un ordinateur portable et une connexion Internet. Je travaille souvent avec deux chaises de jardin et une table en plastique. Pas besoin d’équipements sophistiqués pour faire ce que je fais. »
La sélection des victimes : « On cherche des profils vulnérables sur Facebook, Instagram ou des sites de rencontre. Les retraités sont des cibles idéales parce qu’ils sont seuls et facilement accessibles. Une fois que je trouve un profil, je crée un faux compte avec des photos d’entrepreneurs ou de pères de famille. »
Les techniques de manipulation : « Tout est dans la mise en confiance. Je parle à ma cible chaque jour, je suis toujours à l’écoute. Quand elle se sent seule, je suis là pour elle. Et plus elle s’attache, plus elle est prête à m’aider. »
Les profits et le style de vie : Cédric affirme que certains brouteurs gagnent jusqu’à 100 000 euros par mois. Cet argent leur permet de mener un train de vie luxueux dans les clubs d’Abidjan, où ils exhibent leur richesse. « Nous buvons du champagne, nous avons des voitures de luxe. Cela nous donne un statut. Mais tout le monde sait que cet argent ne vient pas de sources légales. »
Pourquoi les brouteurs prospèrent-ils ?
En Côte d’Ivoire, le phénomène des brouteurs est alimenté par des facteurs économiques et sociaux. Dans un pays où le taux de chômage est élevé et les opportunités limitées, beaucoup voient cette activité comme une échappatoire.
Certains considèrent même ces arnaques comme une revanche sur l’Occident, perçu comme riche et exploitant les ressources africaines. Ce discours, bien que minoritaire, alimente un certain déni moral parmi les brouteurs eux-mêmes.
Les efforts pour combattre le fléau
Les autorités ivoiriennes et françaises ont mis en place des mesures pour lutter contre ces arnaques. En Côte d’Ivoire, une unité spécialisée traque les cybercriminels. Mais les arrestations restent rares, car les brouteurs utilisent souvent de fausses identités et des réseaux bien organisés.
En France, une cellule de gendarmerie numérique traite les signalements 24 heures sur 24. Selon Sébastien Possemé, chef de cette unité : « Le plus difficile est de convaincre les victimes qu’elles ont été manipulées. Le déni est très fort, et cela retarde souvent les interventions. »
Comment se protéger ?
Pour éviter de tomber dans le piège des brouteurs, voici quelques recommandations :
- Ne jamais envoyer d’argent à quelqu’un que vous n’avez jamais rencontré.
- Vérifier l’authenticité des profils sur les réseaux sociaux.
- Se méfier des demandes d’aide financière, même si elles semblent urgentes.
- Signaler les faux comptes aux plateformes et aux autorités compétentes.
- Éduquer vos proches sur les dangers de ces arnaques.
Les arnaques sentimentales sont un fléau mondial qui cause des pertes financières et des traumatismes émotionnels. En comprenant les mécanismes des brouteurs et en partageant ces informations, nous pouvons contribuer à limiter leur impact et protéger les personnes vulnérables.
Durant 3ans mon frère s’est fait avoir par des brouteurs. Il est tombé dans le piège grâce à des photos de femmes aguichantes. Mais derrière, c’était un homme qui lui demandait sans cesse de l’argent. La sois disant fille lui a envoyé un jour une photo « dénudée » puis lui a demandé de lui en envoyer une de lui aussi. Cet idiot l’a fait. Cela est devenu une escalade pour le faire chanter ! C’était 1000 euros par mois que le brouteur exigeait. Mon frère a failli se faire expulser de son logement prenant du retard sur ses loyers. J’ai tenté de l’aider, puis de lui expliquer dans quel piège il était tombé. Il ne me croyait toujours pas. Je suis allée au tribunal demander un dossier ou j’ai demandé à ce qu’il soit mis sous curatelle. Le juge a examiné ce qui s’était passé et a mis mon frère en curatelle renforcée ! Aujourd’hui, il m’en veut à mort mais ses loyers sont payés régulièrement grâce à la Tutrice légale nommée par le juge des Tutelles et les brouteurs ne peuvent plus rien contre lui !