Lucien : « Pourquoi les habitants du Cercueil semblent-ils toujours aussi joviaux, malgré le nom étrange de leur village ? J’ai entendu dire que ce petit coin de Normandie est rempli de bonne humeur et d’anecdotes savoureuses. Est-ce vraiment le cas ? »
Au cœur de la campagne normande, niché entre de vastes prairies verdoyantes et de charmantes collines, se trouve un village dont le nom ne manque jamais de susciter curiosité et rires : Le Cercueil. Ce petit havre de paix, où la vie s’écoule au rythme de la nature et des traditions rurales, abrite 150 âmes bien décidées à ne pas se laisser abattre par ce que l’on pourrait appeler un choix toponymique… original. Car, loin d’être un endroit morose, Le Cercueil est un village où la joie de vivre règne en maître.
Une histoire liée à un nom inoubliable
Le nom de cette petite commune de l’Orne est inscrit dans les archives depuis des siècles. Historiquement, l’origine exacte reste un mystère, même si certains historiens locaux avancent des hypothèses. Peut-être faisait-il référence à un lieu de sépulture ancien, ou encore à une légende oubliée. Ce qui est certain, c’est que le nom ne cesse de faire parler de lui.
Stelliane Bettefort, la première édile, le dit souvent avec un sourire : « Je dis toujours que c’est bien d’habiter au Cercueil. J’y entre et j’en sors quand je veux ! » Un humour mordant, propre aux habitants, qui savent mieux que personne détourner ce nom d’apparence sinistre. Ici, l’autodérision est un art de vivre, transmis de génération en génération.
Une anecdote amusante : Le quotidien des Cercueillais
Prenons François Bellouis, le premier adjoint, aujourd’hui retraité. Avec un regard pétillant, il aime raconter ses années de travail aux pompes funèbres entre 2016 et 2022. « Vous imaginez ? Travailler aux pompes funèbres et habiter au Cercueil ! C’est un nom qui prête à sourire, mais au final, c’est comme beaucoup de petits villages de France. »
Il y a quelque chose de paradoxalement réconfortant dans la manière dont ces habitants affrontent les clichés. En 1971, un mini-référendum avait même été organisé dans une émission télévisée de Pierre Bonte, pour changer le nom du village. Mais les Cercueillais, attachés à leurs racines, avaient voté en bloc contre ce changement. Daniel Huette, le second adjoint, se souvient parfaitement de ce moment. Né au Cercueil il y a 75 ans, il s’amuse à répéter : « La preuve qu’on se porte bien, c’est que je suis encore là, et en pleine forme ! »
Une communauté où règne la bonne humeur
Le Cercueil n’est pas qu’un nom, c’est un village où la vie est douce. Les habitants profitent d’un cadre naturel préservé, d’un air pur et de sentiers de promenade qui n’ont rien à envier aux plus beaux coins de Normandie. La maire le souligne avec fierté : « Ici, on peut être à l’air libre. Le cadre de vie est bon, c’est une commune qui n’a pas été remembrée, on a de beaux chemins ! » L’église, un joyau architectural en cours de rénovation, est un autre témoin de la beauté tranquille de cet endroit. Les travaux, financés à hauteur de 243 000€, témoignent de l’attachement des habitants à leur patrimoine.
Mais Le Cercueil n’est pas seulement un lieu d’histoire, c’est aussi un endroit plein de vie. L’humour est une constante, même lorsqu’il s’agit du cimetière. François Bellouis plaisante souvent : « Il reste de la place si ça vous intéresse. » Une boutade qui fait toujours sourire, même les visiteurs de passage.
Les défis d’une commune rurale
Bien sûr, comme tant de villages de France, Le Cercueil doit faire face à des défis. Le dernier commerce a fermé ses portes en 1988, et les grandes fêtes populaires se font plus rares. « Avant, on organisait un jeu de piste avec d’autres villages aux noms amusants comme L’Asile, La Fosse, ou Le Bouillon. C’était mémorable ! », se remémore la maire avec nostalgie. Ces moments de rassemblement étaient l’occasion de renforcer les liens et de célébrer la solidarité qui unit cette petite communauté.
Une destination touristique atypique
Aujourd’hui, le village attire des curieux et des touristes, surtout durant la période d’Halloween. Beaucoup s’arrêtent pour prendre une photo devant le panneau d’entrée, et l’idée de passer la nuit au Cercueil en cette saison fait frémir d’excitation. « Les gens s’arrêtent pour se prendre en photo devant le panneau, c’est devenu une attraction ! », raconte Gregory Azaïs, maréchal-ferrant depuis 1999. Il se souvient d’ailleurs d’un moment où sa femme avait refusé d’emménager dans un lieu portant un tel nom. Mais en découvrant la maison et la beauté des lieux, elle avait vite changé d’avis.
Nouveaux habitants, mêmes traditions
Même les nouveaux arrivants finissent par adopter l’humour local. Paul Micheletty, robuste travailleur des haras installé ici depuis quatre ans, se plaît à dire qu’il vit « rue du croque-mort », même si ce n’est pas tout à fait exact. Quand il annonce son adresse, ses interlocuteurs écarquillent les yeux, et lui, il adore voir leurs réactions. « Ce n’est qu’un nom, et ça ne change rien à la beauté de cet endroit », dit-il avec un sourire malicieux.
Un avenir prometteur
Malgré les défis, Le Cercueil continue d’évoluer et d’attirer de nouveaux habitants. Depuis 1970, la population est passée de 145 à 150 âmes. Un chiffre modeste, certes, mais qui témoigne d’une stabilité enviable dans un monde où les petits villages tendent à se vider. « Dès qu’il y a une maison en vente, elle trouve preneur rapidement », assure Stelliane Bettefort, la maire. Ce qui est certain, c’est que Le Cercueil, avec ses histoires, ses rires et ses traditions, ne cessera jamais de fasciner.