Cannes : 19 jours d'une alarme ininterrompue ont transformé La Bocca en zone de stress extrême. Un récit poignant et documenté.

Cannes : Une alarme hurle sans interruption pendant 19 jours à La Bocca et plonge tout un quartier dans la folie

CHOC

Cannes, La Bocca, mai 2025. Le chant des cigales n’a pas encore pris possession de l’été, mais un autre son, plus strident, plus sourd, plus obsessionnel, s’est emparé du quotidien des habitants. Un bip métallique. Un hurlement électronique. Une alarme. Qui hurle sans relâche. Qui ne s’arrête pas. Qui, jour et nuit, vibre, martèle, fracasse les nerfs, dérègle les nuits, ronge les jours.

L’origine du cauchemar

Tout commence le 15 mai 2025, au croisement de deux rues sans histoires du quartier populaire mais paisible de La Bocca. Des riverains entendent une alarme qui semble provenir d’un immeuble, peut-être d’un commerce, peut-être d’un entrepôt. Les premières heures, personne ne s’affole. Après tout, les alarmes se déclenchent parfois sans raison.

Mais l’alarme ne s’éteint pas.

À 2h, à 4h, à 7h, à midi… elle continue. Un vacarme ininterrompu, répétitif, sourd, haché, dont la fréquence finit par devenir une musique mentale, au point que certains habitants entendent le bip même une fois à l’extérieur du quartier.

« Je n’entendais plus que ça »

Monique, 67 ans, vit au 3e étage de l’immeuble mitoyen. « Au début, je croyais que c’était chez moi. J’ai coupé le disjoncteur, vérifié les détecteurs de fumée. Puis j’ai compris que c’était dehors. Que ça venait d’un endroit qu’on n’arrivait pas à identifier. »

Jean-Baptiste, 34 ans, chauffeur VTC, abandonne son appartement pour dormir dans sa voiture en bord de mer. « Je ne pouvais plus dormir, plus me concentrer. Le bruit entrait dans ma tête comme un poison. »

La police impuissante face au vacarme

Malgré des dizaines de signalements à la police municipale, aux pompiers, aux services techniques de la mairie, l’alarme continue. Aucune équipe ne parvient à identifier précisément le point d’origine du bruit. Certains évoquent un local commercial vide, d’autres une cave désaffectée, un garage, une propriété murée.

Plus les jours passent, plus les hypothèses fusent. Les rumeurs aussi. « On disait que c’était une alarme d’alerte chimique oubliée« , confie Zoé, lycéenne. « Une copine pensait que c’était volontaire, une punition de promoteur. »

Les ravages sur la santé mentale

Sur les réseaux sociaux, le hashtag #BoccaBip devient viral. Les médias locaux prennent le relais. Le Parisien, France 3, Nice-Matin, tous relaient le supplice des riverains. Psychologiquement, les plus fragiles vacillent.

Un médecin généraliste de la zone parle de « phénomènes de somatisation aigüe » : Insomnie chronique, maux de tête, troubles anxieux. « Une alarme permanente, c’est comme une goutte d’eau sur le front. À la longue, elle creuse la conscience. »

Le silence enfin revenu… sans explication

Et puis, le 2 juin, à 14h03 très précisément, le bruit cesse.

Personne ne sait pourquoi. Personne n’a rien désactivé. Aucun rapport technique n’est communiqué. Les forces de l’ordre restent muettes. La mairie évoque « une alarme commerciale désuète qui se serait éteinte d’elle-même« , sans autre précision.

Mais le mal est fait. « On ne vit plus comme avant, » dit Monique. « Depuis, je ne dors plus que d’une oreille. »

Un incident qui interroge les politiques de nuisance urbaine

Ce fait divers — car il en est un, bien que sonore et invisible — pose une question plus vaste : Comment les villes gèrent-elles les nuisances récurrentes ? Quelles régulations imposer aux systèmes d’alarme ? Pourquoi les forces de l’ordre ont-elles été impuissantes aussi longtemps ?

Un conseiller municipal anonyme s’insurge : « Il est grand temps que Cannes et d’autres villes mettent en place un système de géolocalisation rapide des alarmes défectueuses. Ce genre d’incident peut engendrer des traumatismes durables. »

Le silence est une richesse… jusqu’à ce qu’il disparaisse

L’alarme s’est tue, mais les habitants de La Bocca, eux, n’oublieront jamais les 19 jours où le bruit a pris le pouvoir. Un bruit aveugle, sans visage, sans coupable, sans réparation.

Et si demain, un autre quartier subissait le même sort ? Une seule certitude : Le vacarme urbain est une nouvelle violence, invisible mais redoutable.

Laisser un commentaire