Politique SNCF et protection animale : retour sur l’affaire du chat Neko et les conséquences juridiques et médiatiques d’un incident qui a secoué l’opinion.

Votre chat est sous un TGV ? La SNCF lui donne désormais 20 minutes pour survivre

SOCIETE

Il faisait froid ce matin de janvier, en gare de Paris-Montparnasse. Une de ces matinées grises, où l’effervescence des voyageurs masque les tragédies invisibles. Parmi les passagers pressés, une jeune femme serrait dans ses bras une cage de transport. À l’intérieur, un petit chat noir et blanc, tremblant, les moustaches collées aux barreaux : Neko, son compagnon de tous les instants.

Ce jour-là, Clothilde quittait Paris pour un nouveau départ à La Rochelle. Elle avait tout prévu. Sauf une chose.

Quelques minutes avant l’embarquement, dans la panique des annonces, dans le tumulte des valises et des marches précipitées vers les wagons, la cage de transport s’est ouverte. Neko, affolé par le vacarme, s’est échappé. Une silhouette féline, basse, discrète, qui en un instant, a disparu sous le TGV 8415.

Clothilde a crié. Elle a couru. Elle a supplié. Mais les contrôleurs sont restés de marbre.

« On ne peut pas arrêter un train pour un chat. C’est une question de sécurité. »

Quelques secondes plus tard, le train s’ébranlait.

Et Neko fut broyé.

Un drame qui bouleversa la France

Les faits datent de janvier 2023, mais l’émotion, elle, reste intacte.

Le chat n’était pas qu’un animal. C’était un membre de la famille. Et sa mort brutale, sous les yeux de ses propriétaires, a déclenché une vague d’indignation nationale. Sur les réseaux sociaux, des centaines de milliers d’internautes ont dénoncé l’inhumanité de la SNCF. Des célébrités, des vétérinaires, des députés ont pris la parole. L’affaire a enflammé les plateaux télé.

30 Millions d’Amis a porté plainte.

Une pétition a recueilli plus de 200 000 signatures en quelques jours.

La question qui enflammait les esprits :

Un chat, une vie, cela ne vaut-il pas un retard de quelques minutes ?

Un procès symbolique… et une amende historique

Face à la pression médiatique, la SNCF a tenté de se défendre. Le personnel en gare de Montparnasse assurait avoir respecté le protocole. La sécurité d’un train en mouvement prime. Mais l’argument n’a pas suffi à calmer les cœurs brisés.

Le 3 octobre 2023, le tribunal de Paris a condamné la SNCF à 1 000 euros d’amende pour préjudice moral. Une première. Le jugement n’était pas tant pécuniaire que symbolique : La justice reconnaissait enfin la valeur d’une vie animale dans l’univers ferroviaire.

Ce jugement fut un tournant.

La SNCF revoit sa politique : 20 minutes pour sauver une vie

Sous la pression judiciaire, médiatique et citoyenne, la SNCF a fini par faire ce que tant de passagers attendaient : Reconnaître ses torts.

Mais au-delà des excuses, elle a surtout changé sa politique.

Depuis avril 2024, une nouvelle procédure est appliquée dans toutes les gares TGV de France :

Si un animal domestique est repéré sous un train ou sur les voies, le départ du train peut être retardé jusqu’à 20 minutes, afin de permettre son sauvetage.

Ce protocole d’urgence, discret mais essentiel, est désormais inscrit dans les manuels internes. Les agents reçoivent une formation spéciale pour intervenir sans danger et préserver la vie de l’animal sans compromettre la sécurité des passagers.

Un pas de géant.

Une mesure saluée mais encore fragile

Certains crient à l’hypocrisie. D’autres y voient une victoire tardive mais nécessaire. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle règle a déjà permis de sauver plusieurs chats et petits chiens dans les mois qui ont suivi sa mise en place.

« Avant, on avait les mains liées. Aujourd’hui, on a enfin une marge de manœuvre pour éviter l’irréparable. » — Laura, agente en gare de Lyon Part-Dieu.

Mais les associations restent vigilantes. 30 Millions d’Amis a salué cette avancée, tout en appelant à ce qu’elle soit élargie aux lignes Intercités, TER et RER.

« On ne peut pas faire de la compassion un privilège réservé aux grandes lignes. Chaque vie compte. »

Des histoires de sauvetage qui redonnent foi en l’humain

À Marseille, en août 2024, un petit bichon maltais nommé Simba a échappé à son harnais en montant dans un train. Il s’est glissé sous la rame. Grâce à l’application immédiate du protocole, les agents ont pu le récupérer, sain et sauf, 17 minutes plus tard.

À Strasbourg, un chaton abandonné sur les voies a été repéré par un conducteur de TGV. Le train est resté à quai pendant 12 minutes. Un passager est descendu, a récupéré l’animal et… l’a adopté.

Ces histoires sont rares. Mais elles résonnent fort.

Et si cette histoire changeait notre rapport aux animaux ?

Ce qu’a révélé la mort de Neko, au fond, c’est le vide juridique et éthique qui entoure encore trop souvent les animaux domestiques dans nos institutions.

La SNCF n’est pas seule en cause.

Combien d’administrations, de compagnies, de services publics intègrent réellement la sensibilité animale dans leurs décisions ?

Ce changement de politique est une victoire, oui. Mais surtout, un réveil.

20 minutes pour ne pas laisser mourir l’indifférence

La prochaine fois que vous prendrez un train, regardez autour de vous. Derrière les valises, les sacs à dos, les enfants pressés, il y a parfois une cageun regard félinun cœur battant.

Et si l’animal s’échappe… vous saurez que 20 précieuses minutes peuvent faire la différence. Pas seulement pour lui. Mais pour nous tous.

Parce qu’un train peut bien attendre… Quand il s’agit de sauver une vie.

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