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Comment surmonter la douleur de voir un parent décliner en EHPAD ?

SOCIETE

La douleur de voir un être cher s’éteindre lentement dans un EHPAD est une blessure profonde, une plaie béante qui semble ne jamais se refermer. Chaque visite devient un théâtre de l’effroi, où les souvenirs lumineux de ce parent autrefois fort et indépendant se heurtent à une réalité cruelle, presque insoutenable. Voici une plongée au cœur de cette épreuve humaine, où se mêlent désespoir, culpabilité, et impuissance.

Le choc initial : L’entrée en EHPAD

Tout commence souvent par une décision déchirante. Un matin, vous réalisez que vous ne pouvez plus gérer seul(e) l’état de santé de votre parent. Les chutes répétées, la confusion, les accès de colère, ou pire encore, les menaces contre sa propre vie, vous obligent à envisager l’impensable : Le confier à un établissement spécialisé.

Et pourtant, malgré les arguments raisonnables et les promesses de soins adaptés, une voix intérieure hurle : Traître. Tu l’abandonnes.

Le quotidien d’une relation brisée

Les premières semaines après l’installation en EHPAD sont une succession de coups au cœur. Vous franchissez les portes de cet endroit aseptisé, où l’odeur de désinfectant masque à peine celle de la finitude. Vous croisez d’autres résidents, fantomatiques, dont les regards hagards vous hantent longtemps après votre départ.

Puis vient votre parent, changé, diminué. Une coquille vide où réside encore, parfois, une lueur d’humanité. Mais cette lueur vacille et s’éteint peu à peu, et chaque visite devient une confrontation brutale avec la lente désintégration de ce que vous avez aimé.

La violence insoupçonnée

Il arrive que les pertes cognitives s’accompagnent d’une violence inattendue. Votre mère, cette femme douce qui vous bordait avec amour, vous serre le poignet avec une force dévastatrice. Elle crie, hurle des injures que vous ne lui avez jamais entendues. Elle casse, détruit, et pire encore, tente de se détruire elle-même. Ces accès de rage incontrôlables sont comme des poignards dans votre cœur, car vous savez qu’elle n’est plus vraiment elle-même.

L’impuissance face à la souffrance

Vous vous surprenez à penser à des choses que vous n’osiez jamais imaginer auparavant. Pourquoi ne pouvons-nous pas, pour les humains, offrir la même délivrance que pour les animaux ? Quand votre animal de compagnie souffrait, vous l’avez emmené chez le vétérinaire, et il s’est endormi paisiblement, sans douleur. Mais pour votre mère, condamnée à une contention chimique, il n’y a pas d’échappatoire. Elle vous supplie de l’aider, de la laisser partir. Et vous, vous êtes là, incapable de répondre à cet appel déchirant.

La culpabilité et l’angoisse

Chaque nuit, lorsque le silence s’installe, les pensées vous assaillent. Ai-je fait le bon choix ? Pourquoi n’ai-je pas essayé de m’occuper d’elle plus longtemps ? Pourquoi suis-je soulagé(e) qu’elle soit loin ? Ces questions tournent en boucle, un poison lent qui s’infiltre dans votre esprit. La culpabilité devient un compagnon constant, un poids que rien ne semble alléger.

Apprendre à survivre au chaos

La vérité brutale, c’est que vous ne pouvez pas sauver votre parent. Mais vous pouvez apprendre à survivre, à porter cette douleur différemment.

Voici quelques pistes :

  • Accepter l’aide : Rejoindre des groupes de soutien peut être salvateur. Vous y trouverez des personnes vivant les mêmes situations, prêtes à partager leurs expériences et leurs solutions.
  • Se pardonner : Vous faites ce que vous pouvez avec les moyens que vous avez. Il n’existe pas de solution parfaite, seulement des compromis.
  • Créer de nouveaux souvenirs : Même si votre parent n’est plus le même, chaque sourire, chaque moment de tendresse arraché au quotidien est une victoire.

Une conclusion sans réponse

Peut-être qu’il n’y a pas de solution à cette douleur, et peut-être est-ce cela, l’humanité : Porter des fardeaux que nous ne comprenons pas toujours. Mais en continuant d’aimer, même dans l’imperfection et le chaos, vous honorez ce parent, cet être qui a tant compté pour vous.

Face à la souffrance, vous ne pouvez qu’avancer, un pas à la fois, même si le chemin est jonché d’ombres.

1 thought on “Comment surmonter la douleur de voir un parent décliner en EHPAD ?

  1. J’ai connu la même situation d ‘Emma pendant plus de 3 ans et 5 mois. J’allais voir ma Maman 4 fois par semaine après ma journée de travail bien remplie . Heureusement, l’établissement était à moins de 10 kms. J’avais à chaque fois mal au ventre en allant vers cet EPHAD , et étais en pleurs au retour à mon domicile.
    Ces endroits sont sordides, mais hélas utiles. Le personnel peu formé fait ce qu’il peut. A chaque fois que j’arrivais, ma Maman pensait réintégrer sa maison… Beaucoup de patience il fallait, et je l’avais .

    J’essayais de passer près de deux heures avec elle (marcher un peu dans les couloirs ,lui passer les pieds à l’eau de cologne.. son dos… et ses fesses un peu abimées d’être assise.

    Près de douze ans après son décès, j’y pense chaque jour.
    Le pire, c’est que je finirai de la même façon, étant atteint de sa pathologie neuro -dégénérative.

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