Décryptage complet de la polémique François Piquemal et de l'expression "babtou" qui enflamme la politique toulousaine.

« Je ne veux pas de babtous en tête de ma liste », a déclaré François Piquemal, député et candidat LFI à la Mairie de Toulouse

POLITIQUE

Une phrase qui claque comme un couperet

C’était un lundi ordinaire à Toulouse. Le soleil commençait à décliner sur les façades ocre du centre-ville, quand une rumeur aussi abrupte qu’un orage éclata sur les réseaux sociaux. D’après une enquête relayée par Valeurs Actuelles, François Piquemal, député LFI de la Haute-Garonne et candidat déclaré à la mairie de Toulouse pour les municipales de 2026, aurait prononcé ces mots : « Je ne veux pas de babtous en tête de ma liste. »

Trois mots, un fracas. À peine quelques heures plus tard, cette phrase avait déjà embrasé X (ex-Twitter), alimenté les boucles Telegram de droite, fait bondir les élus Renaissance et mis le feu à la rédaction de Marianne. Tous voulaient savoir : Avait-il vraiment dit cela ? Et surtout… que voulait-il dire par « babtous » ?

Que signifie le mot « babtou » ?

Le mot « babtou », contraction verlanisée de « toubab » (mot d’origine wolof désignant un blanc), est un terme d’argot issu des banlieues. Il désigne de manière familière – parfois moqueuse, voire péjorative – une personne blanche, généralement perçue comme déconnectée de la culture populaire des quartiers.

Dans de nombreux cas, son usage est affectueux ou ironique. Mais dans d’autres, comme ici, il devient une arme de démarcation identitaire, un marqueur de rejet, voire d’exclusion. Lorsqu’il est utilisé pour évincer un profil de tête de liste politique, il prend une tout autre dimension.

Un contexte chargé à gauche

Depuis février 2025, François Piquemal mène campagne pour succéder à Jean-Luc Moudenc à la tête de la mairie rose. Professeur d’histoire, ancien porte-parole du Droit Au Logement (DAL), il incarne la gauche Insoumise dans ce qu’elle a de plus radical et revendicatif.

Mais la citation présumée, selon laquelle il aurait refusé que des « babtous » figurent en tête de sa future liste municipale, porte un coup rude à l’image universaliste que LFI tente d’afficher.

D’après Valeurs Actuelles, cette phrase aurait été prononcée devant des témoins lors d’une réunion stratégique. Une source citée affirme : « Piquemal a dit texto qu’il ne voulait pas de babtous devant. Il voulait des profils racisés, visibles, issus des quartiers. »

Réaction immédiate : Un démenti catégorique

La réponse de Piquemal ne s’est pas fait attendre. Dans une publication sur X, il déclare ne « jamais avoir tenu ces propos« , ajoutant que la journaliste n’a même pas pris soin de le contacter pour recouper les faits.

« C’est grotesque, je n’ai jamais dit cela », affirme-t-il. Pourtant, la rumeur enfle, relayée massivement par les élus LR, les macronistes toulousains et une partie des médias conservateurs. Une tempête politique est née.

Une fracture au sein de la gauche

Ce scandale tombe au pire moment pour la Nouvelle Union Populaire. À Toulouse, comme dans d’autres grandes villes, l’union fragile entre les Verts, les Socialistes, les Communistes et les Insoumis menace d’éclater à chaque faux pas. Ce genre de polémique communautaire fragilise l’union électorale et tend les négociations déjà houleuses sur la répartition des places.

Plusieurs alliés commencent à grincer des dents. Officieusement, certains cadres écologistes et PS locaux admettent « ne plus savoir sur quel pied danser« , embarrassés par une stratégie jugée « militante jusqu’à l’exclusion« .

Instrumentalisation ou dérive idéologique ?

Les soutiens de François Piquemal crient à l’intox. Selon eux, cette phrase serait sortie de son contexte, voire inventée de toutes pièces pour nuire à sa dynamique de campagne. Mais le mal est fait.

La droite saisit la balle au bond. Laurent Esquenet-Goxes (Renaissance) déclare : « C’est du racisme à l’envers. Si un candidat avait dit “je ne veux pas de Noirs ou d’Arabes”, tout le monde aurait hurlé. » La logique communautaire dénoncée par la droite rejoint alors les accusations portées contre LFI depuis plusieurs mois : Complaisance envers certains discours identitaires, vision racialiste de la société, rejet du modèle républicain.

Ce que cette phrase révèle, au-delà du scandale

Au-delà de l’authenticité de cette citation, la polémique dit quelque chose de profond sur l’état de la gauche radicale en France. Dans certains cercles militants, le rejet des dominants – ou perçus comme tels – devient un acte politique en soi. La phrase de Piquemal, si elle est avérée, ne serait alors pas un simple dérapage, mais l’aveu d’une stratégie électorale fondée sur la représentation ethnique plus que sur les idées.

Le débat est lancé : Peut-on revendiquer l’inclusivité tout en excluant certains profils pour des raisons raciales ou culturelles ? L’universalisme républicain est-il devenu un masque trop étroit pour une gauche en quête de « visibilité » ?

Épilogue d’un malaise

Qu’il ait dit ou non cette phrase, François Piquemal ne sortira pas indemne de cette controverse. En politique, la perception est parfois plus forte que la vérité. Et à quelques mois d’un scrutin municipal déjà tendu, cette affaire laisse une trace durable dans l’opinion.

À Toulouse, capitale du progressisme occitan, une ligne de fracture semble s’être dessinée : Celle entre l’universalisme revendiqué et l’identité assumée.

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