Loi antisémitisme université : l’Assemblée adopte le texte malgré l’opposition de LFI et PCF, qui dénoncent une dérive liberticide.

Assemblée Nationale : LFI et le PCF votent contre une loi visant à lutter contre l’antisémitisme à l’université

POLITIQUE

Il s’appelait Julien, ce jeune doctorant en histoire contemporaine qui suivait avec passion, mais aussi angoisse, les séances parlementaires retransmises en direct. Dans le silence feutré de sa chambre de bonne du Quartier latin, une pile de livres sur l’affaire Dreyfus, les lois Gayssot et la montée des discours de haine sur les campus s’accumulait en équilibre instable. Julien n’avait pas d’engagement politique affiché, mais il croyait profondément à la responsabilité de chaque institution dans la défense de la mémoire et la lutte contre l’antisémitisme, cet ennemi ancien et pourtant toujours vif, toujours renouvelé.

Ce jour-là, mardi 7 mai 2025, les députés s’étaient réunis pour voter une proposition de loi portée par Constance Le Grip (Ensemble pour la République) et Pierre Henriet (Horizons). Le texte visait à renforcer les sanctions contre les propos et actes antisémites dans les établissements d’enseignement supérieur. Il prévoyait notamment la création de sections disciplinaires régionales communes, une meilleure coordination avec les rectorats et l’intégration systématique de formations à la lutte contre l’antisémitisme dans les cursus des universités.

Julien observait l’écran avec la tension d’un spectateur assistant à une pièce dont le dénouement risquait d’être tragique. Il connaissait déjà les positions prévisibles : Les Républicains, Renaissance, le Modem et même certains députés socialistes allaient voter pour. Mais les regards se tournaient surtout vers l’aile gauche de l’hémicycle, là où siégeaient les élus de la France Insoumise et ceux du Parti Communiste Français.

Lorsque la présidente de séance annonça : « Pour : 131. Contre : 28. Abstention : 1 », Julien sentit un pincement dans sa poitrine. Le texte était adopté, certes. Mais ce chiffre de 28 voix contre… Il le savait. Il le craignait. Et cela se confirma quelques secondes plus tard.

La France Insoumise. Le Parti Communiste Français. Contre.

Dans l’enceinte de l’Assemblée, la stupeur se mêlait aux murmures, puis aux cris. Des députés s’élevaient contre ce qu’ils qualifiaient de « honte ». Un élu Renaissance lança : « Vous êtes les complices d’un antisémitisme rampant dans nos universités ! »

Mais LFI ne se laissa pas intimider. Clémence Guetté, députée insoumise de Val-de-Marne, prit la parole d’un ton ferme : « Ce texte est une dérive sécuritaire. Il installe une logique de police de la pensée sur les campus, au prétexte de lutter contre l’antisémitisme. Bien sûr que nous combattons la haine antisémite, mais pas au prix de la liberté d’expression et de l’autonomie universitaire ! »

Julien se leva de son fauteuil, choqué. Il comprenait l’argument, l’avait souvent entendu dans les séminaires universitaires, mais aujourd’hui cela sonnait creux. Depuis des mois, il voyait ses camarades juifs se faire insulter dans les couloirs, des conférences empêchées sous prétexte d’un prétendu soutien à Israël, des tracts antisionistes dérivant en caricatures antisémites circuler sur les panneaux d’affichage.

Il avait assisté, impuissant, à la descente aux enfers de Sarah, une étudiante brillante, ciblée pour sa kippa et ses convictions. Elle avait fini par quitter l’université. Personne ne l’avait défendue. Et aujourd’hui, les élus censés défendre les plus faibles s’opposaient à une loi de protection ?

Julien alluma sa lampe de bureau. Il saisit son stylo et commença à écrire, dans un carnet en cuir noir : « Une gauche qui trahit les idéaux de justice, une gauche qui oublie l’Histoire, est-elle encore la gauche ? »

Pendant ce temps, sur les plateaux télé, les débats s’enflammaient. Certains éditorialistes parlaient de calculs électoraux, d’un LFI soucieux de ne pas heurter une frange radicale de son électorat. D’autres, plus conciliants, évoquaient une lecture rigoriste de la Constitution, un attachement sincère à la liberté d’expression, quitte à en accepter les dérives.

Mais dans les amphis de Tolbiac, à Sciences Po Grenoble ou à la Sorbonne, les étudiants juifs retenaient surtout un message : Leur sort ne valait pas consensus. L’antisémitisme, pour certains, restait un combat facultatif, relégué derrière les grandes causes de l’instant.

Julien éteignit son ordinateur. Il pensa à son grand-père, rescapé d’Auschwitz, qui lui racontait souvent combien les discours modérés d’hier avaient laissé place à la terreur. Il pensa aux visages croisés dans les archives, aux cris étouffés dans les camps, aux regards fuyants des années 40.

Et il sut alors qu’il écrirait. Pas pour convaincre les élus, ni pour plaire à un camp. Mais pour dire, noir sur blanc, que le combat contre l’antisémitisme n’était pas une opinion parmi d’autres. C’était un devoir. Inconditionnel.

Même quand la gauche se dérobe. Même quand l’hémicycle vote sans elle.

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