Analyse d'un verdict judiciaire belge où les effets secondaires d'un médicament ont conduit à l'acquittement d'une agression sexuelle.

Transformé en prédateur par ses médicaments ? : Un homme acquitté après l’agression sexuelle de sa petite-fille

CHOC

Le 25 février 2025, le tribunal correctionnel de Bruges a rendu un verdict surprenant : Un grand-père de 69 ans, accusé d’agression sexuelle sur sa petite-fille de quatre ans, a été acquitté. La défense a soutenu que les comportements inappropriés de l’accusé étaient une conséquence directe des effets secondaires de son traitement contre la maladie de Parkinson. Cette affaire met en lumière une réalité méconnue : Certains médicaments antiparkinsoniens peuvent induire des comportements compulsifs, y compris une hypersexualité.

La maladie de Parkinson et ses traitements

La maladie de Parkinson est une affection neurodégénérative caractérisée par une diminution progressive de la dopamine dans le cerveau, entraînant des troubles moteurs tels que des tremblements, une rigidité musculaire et des difficultés à initier les mouvements. Pour pallier ce déficit dopaminergique, les médecins prescrivent souvent des agonistes dopaminergiques, des médicaments qui imitent l’action de la dopamine. Parmi ceux-ci, le pramipexole et le ropinirole sont couramment utilisés.

Les effets secondaires des agonistes dopaminergiques

Bien que ces médicaments soient efficaces pour atténuer les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson, ils ne sont pas sans risques. Des études ont révélé que les agonistes dopaminergiques peuvent provoquer des troubles du contrôle des impulsions chez certains patients. Ces troubles se manifestent par des comportements compulsifs tels que le jeu pathologique, la boulimie, les achats compulsifs et, dans certains cas, une hypersexualité. Selon une étude publiée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), près de 14% des patients sous thérapie agoniste dopaminergique présentent de tels comportements.

Le cas du grand-père belge

Dans l’affaire jugée à Bruges, l’accusé suivait un traitement à base de pramipexole depuis plusieurs mois. Sa famille a témoigné d’un changement radical de comportement après le début de ce traitement, décrivant une augmentation notable de son désir sexuel et des comportements inappropriés. Lors du procès, des experts médicaux ont confirmé que le pramipexole pouvait, dans de rares cas, entraîner une hypersexualité incontrôlable.

Le tribunal a conclu que l’accusé n’était pas pleinement responsable de ses actes en raison des effets secondaires de son traitement, conduisant à son acquittement.

Comprendre l’hypersexualité induite par les médicaments

L’hypersexualité se caractérise par une augmentation excessive du désir et de l’activité sexuels. Lorsqu’elle est induite par des médicaments, elle résulte souvent d’une stimulation excessive des récepteurs dopaminergiques dans le cerveau, en particulier dans les régions associées au plaisir et à la récompense. Les agonistes dopaminergiques, en augmentant l’activité de la dopamine, peuvent désinhiber certains comportements, conduisant à des pulsions sexuelles accrues.

Les implications juridiques et médicales

Cette affaire soulève des questions complexes à l’intersection du droit et de la médecine. D’un point de vue juridique, elle pose la question de la responsabilité pénale des individus dont les comportements criminels sont potentiellement induits par des traitements médicaux. Du côté médical, elle souligne l’importance d’une surveillance étroite des patients sous agonistes dopaminergiques. Les professionnels de santé doivent informer leurs patients des risques potentiels et surveiller l’apparition de comportements compulsifs. En cas de symptômes, une réévaluation du traitement, incluant une possible réduction de la posologie ou un changement de médicament, est recommandée.

Une vigilance accrue pour une prise en charge adaptée

L’affaire du grand-père belge acquitté met en évidence les effets secondaires potentiellement graves des traitements antiparkinsoniens. Elle rappelle la nécessité d’une vigilance accrue de la part des professionnels de santé et des proches des patients. Une communication transparente sur les risques associés à ces médicaments est essentielle pour prévenir des situations tragiques et garantir une prise en charge adaptée des personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

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