Divulguer l’adresse d’un élu pour contrer des expulsions : Lyon au cœur d’un nouveau scandale politique inquiétant.

Squatteurs : Un groupe anti-expulsion menace le Maire de Lyon de divulguer son adresse personnelle

SOCIETE

Un matin ordinaire… ou presque

Le lundi 28 avril 2025, le soleil perçait à peine à travers les volets entrouverts du bureau de Grégory Doucet, Maire de Lyon, lorsqu’il ouvrit son ordinateur portable pour consulter les nouvelles du jour. Habitué aux critiques, aux pressions politiques, aux débats parfois houleux du conseil municipal, il n’aurait jamais imaginé que cette matinée débuterait par un message aussi glaçant, aussi personnel, aussi menaçant.

Un courriel anonyme, envoyé depuis une adresse chiffrée impossible à tracer, l’avertissait froidement : « Si vous continuez les expulsions, nous rendrons publique votre adresse personnelle. Vos proches n’ont pas à payer pour vos décisions, mais vous, oui. »

Le ton était sec, implacable. Ce n’était pas une pétition, ni un tract militant, ni même un message de mécontentement citoyen. C’était un avertissement. Un chantage.

Une ville sous tension

Lyon n’était plus seulement la ville des lumières et des bouchons. Depuis plusieurs mois, elle était devenue le théâtre d’un affrontement souterrain, idéologique et de plus en plus violent entre la mairie écologiste et une frange radicalisée d’activistes d’ultragauche opposés aux expulsions de squats.

Tout avait commencé par une série d’opérations organisées par la préfecture du Rhône, souvent à la demande de la Métropole, pour évacuer des bâtiments occupés illégalement. Parmi les squatteurs, des familles précaires, des réfugiés, mais aussi des militants convaincus que l’État n’a plus de légitimité à expulser qui que ce soit de « l’abri minimum vital ».

Certains élus, comme le président de la Métropole Bruno Bernard, avaient déjà été ciblés. Son domicile avait été tagué : « Complice de la violence sociale », pouvait-on lire sur sa porte d’entrée, barrée d’un énorme X rouge.

Le chantage numérique

L’attaque contre Doucet marquait une étape supplémentaire. Car il ne s’agissait plus de dégradations, mais d’une menace de doxxing — la publication volontaire et malveillante d’informations personnelles pour exposer une cible à la vindicte.

L’adresse du Maire, soigneusement tenue secrète pour protéger sa vie privée et celle de sa famille, devenait une monnaie d’échange pour des activistes prêts à tout.

Le groupe à l’origine de cette menace ? Un collectif anonyme baptisé NoExpulsions69, actif sur les réseaux chiffrés du darkweb et les canaux alternatifs. Ils se revendiquaient d’un anarchisme pur et dur, refusant toute hiérarchie, toute concession, toute négociation avec l’État.

Le silence des institutions

Dans les couloirs de l’Hôtel de Ville, l’ambiance devint glaciale. Fallait-il céder ? Suspendre les expulsions ? Communiquer ? Porter plainte ? Doucet choisit la fermeté, dans une déclaration à la presse :

« Rien, absolument rien ne saurait justifier ces intimidations. Je refuse que la démocratie locale soit prise en otage par des menaces. »

Mais en interne, la peur s’était installée. Certains collaborateurs du cabinet demandèrent à télétravailler. D’autres reçurent des messages semblables. Une adjointe chargée du logement vit sa voiture vandalisée dans la rue. Les vis étaient desserrées. Par chance, elle le remarqua avant de prendre le volant.

La préfète du Rhône exprima son soutien au Maire, promettant que « tout serait mis en œuvre pour identifier les auteurs ». Mais les résultats tardaient à venir.

Une idéologie en guerre

Qui étaient ces individus capables d’une telle radicalité ? Un reportage de terrain effectué quelques mois plus tôt par un journaliste indépendant évoquait des squats auto-gérés où se mêlaient réfugiés, militants climat, black blocs en errance, et vieux libertaires anticapitalistes.

Certains lieux, comme le squat des Lilas ou le collectif de la Guillotière, servaient de centres nerveux à cette nébuleuse. On y débattait de l’avenir du monde, on y dénonçait la police, le patriarcat, les multinationales, les mairies complices… et on s’y organisait.

Ce qu’on ne disait pas, c’est qu’à côté des discours utopistes, se développaient aussi des pratiques d’intimidation, de harcèlement, parfois de violence directe. Pour eux, la fin justifiait les moyens.

L’onde de choc politique

À Paris, le Ministre de l’Intérieur s’en mêla, dénonçant « une tentative de sabotage de l’ordre républicain » et ordonnant une enquête approfondie menée par la DGSI.

Dans l’opposition locale, certains accusèrent le Maire d’avoir « laissé proliférer ces groupes en refusant la répression claire dès le départ ». À droite comme à l’extrême droite, les discours sécuritaires trouvèrent là un nouveau carburant.

Mais dans le camp de la majorité écologiste, le malaise était palpable. Comment gouverner une ville tout en respectant les idéaux d’accueil, de solidarité, de justice sociale, quand certains se radicalisent et refusent tout compromis ?

Une ligne rouge franchie

Le 3 mai 2025, un message anonyme fut publié sur un forum obscur. Une photo floutée accompagnait le texte : « C’est là qu’il vit. Pour combien de temps encore ? À toi de décider. »

Même floutée, la silhouette de l’immeuble en arrière-plan fut reconnue. La police intervint. Grégory Doucet et ses proches furent placés sous protection renforcée.

Ce n’était plus une menace virtuelle. C’était une guerre d’usure. Une tentative de prise de pouvoir par l’intimidation.

Lyon, miroir de la France d’aujourd’hui ?

L’affaire fit le tour des rédactions. Sur les plateaux TV, les experts débattaient : Étions-nous face à un retour de la violence politique ? À une déliquescence de l’autorité ? Ou à un cri désespéré d’une jeunesse sans logement, sans avenir, qui choisissait la confrontation plutôt que la soumission ?

Certains éditorialistes évoquaient 1968, d’autres l’Italie des années de plomb. Mais Lyon n’était ni Rome, ni Paris en mai 68. C’était aujourd’hui, dans une démocratie fatiguée, secouée par des colères de plus en plus frontales.

L’heure des choix

Grégory Doucet n’a pas reculé. Le 15 mai, une nouvelle opération d’évacuation fut menée, avec plus de 200 policiers. Des cris, des jets de projectiles, quelques blessés, mais l’opération réussit. Les familles furent relogées en urgence. Les militants, dispersés.

Dans son bureau, le Maire relut une dernière fois la plainte déposée contre les auteurs des menaces. Puis il ajouta une ligne manuscrite en bas du document :

« Pour mes enfants. Pour la République. Pour qu’aucun élu de ce pays n’ait plus à choisir entre sa mission et sa sécurité. »

Entre démocratie et intimidation : L’équilibre fragile d’un mandat sous pression

L’affaire lyonnaise dépasse largement le cadre local. Elle pose une question vertigineuse : Dans une société fracturée, peut-on encore défendre la légalité sans provoquer l’ire de ceux qui n’y croient plus ? Peut-on encore être élu sans armure, sans escorte, sans peur ? Grégory Doucet, malgré les menaces, a répondu oui. Reste à savoir combien d’autres le feront après lui.

Laisser un commentaire