Un guide complet pour les parents aidants qui souhaitent retourner travailler, malgré les contraintes, la fatigue et les doutes.

Comment surmonter le trou dans le CV et convaincre un recruteur ?

EMPLOI

Le silence après l’ouragan

Il y a des combats que l’on ne choisit pas. Des batailles qu’on affronte sans armure, parce que la vie ne vous laisse pas vraiment le choix. Quand Léa a appris que sa fille souffrait de troubles du neurodéveloppement — une conjonction de diagnostics qui a transformé son quotidien en parcours d’obstacles permanent — elle a mis sa vie professionnelle entre parenthèses. Sans hésiter. Sans attendre. Sans condition.

Cinq ans. Cinq longues années de rendez-vous médicaux, de paperasse MDPH, de crises imprévisibles, d’adaptations scolaires, de nuits blanches. Cinq années où elle s’est levée chaque jour en combattante, sans patron ni fiche de paie, mais avec un rôle bien plus exigeant que n’importe quel poste à plein temps : Celui de parent aidant.

Et maintenant que la tempête s’est un peu calmée, maintenant que sa fille a trouvé une stabilité fragile mais réelle, que les professionnels sont là, que l’école est en place et que les journées sont rythmées… Léa se sent vide. Le silence après l’ouragan.

Un silence trop grand. Trop lourd. Et une envie viscérale de redevenir quelqu’un d’autre que « la maman de« , d’exister autrement, de renouer avec sa vie professionnelle. Elle a donc ouvert son ordinateur un matin, pleine d’espoir. Elle a mis à jour son CV. Écrit une lettre. Puis deux. Puis cent.

Depuis l’été dernier, elle postule. Partout. Tout le temps. Mais rien. Pas un appel. Pas un message. Pas une chance.

Quand le trou dans le CV devient un gouffre dans l’estime de soi

Ce que vit Léa, des milliers de femmes et d’hommes l’ont vécu, le vivent ou le vivront. Car être parent aidant, c’est souvent faire une croix sur sa carrière, du moins temporairement. Mais le monde du travail, lui, ne s’arrête pas. Il avance, vite, très vite. Et il n’a pas appris à regarder autrement ces CV qui affichent des blancs, ces parcours qui ne rentrent pas dans les cases.

Pourtant, ces années « sans emploi » sont tout sauf vides. Elles sont remplies d’une expérience humaine, organisationnelle, émotionnelle, logistique intense. Il ne s’agit pas d’un vide, mais d’un plein qui ne dit pas son nom.

Mais les recruteurs, eux, ne voient souvent qu’une ligne manquante. Un saut inexpliqué. Et la candidature passe à la trappe.

Valoriser son parcours d’aidant : Un défi, mais pas une fatalité

Léa a donc décidé de ne plus cacher. Ni de minimiser. Elle a choisi d’assumer, de transformer cette période de vie en force. Comment ?

👉 1. Réécrire son CV autrement

Plutôt qu’un CV strictement chronologique, elle a adopté un CV par compétences. Elle y a listé tout ce qu’elle a appris, géré, surmonté :

  • Coordination administrative complexe (MDPH, AESH, CMP, CAF).
  • Gestion de planning multiple (école, thérapies, médecins).
  • Communication avec des interlocuteurs variés (enseignants, soignants, institutions).
  • Résilience, rigueur, adaptabilité.

Et à la ligne « 2019 – 2024 » elle a écrit, sans détour :

Parent aidant à temps plein – accompagnement d’un enfant porteur de troubles neurodéveloppementaux

👉 2. Rédiger une lettre de motivation vraie et forte

Pas de discours misérabiliste. Pas d’apitoiement. Mais des faits. Et surtout, de la motivation. Un exemple :

« Ces dernières années, j’ai développé une capacité d’organisation et d’adaptation hors du commun. Aujourd’hui, je suis prête à réintégrer le monde professionnel avec un regard neuf, une maturité profonde, et une détermination sans faille. »

Composer avec les contraintes d’aujourd’hui

Léa n’a pas non plus caché ses contraintes horaires : Elle ne peut pas travailler avant 9h ni après 17h30, car la garde de sa fille dépend du périscolaire.

Plutôt que de voir cela comme un obstacle, elle a cherché des postes compatibles :

  • Télétravail partiel.
  • Emploi dans des associations ou Mairies.
  • Temps partiel.
  • Activités indépendantes (rédaction, aide administrative, soutien scolaire).
  • Structures inclusives et solidaires.

Elle a découvert qu’il existe des réseaux dédiés aux parents aidants en reconversion, des ateliers, des coachings gratuits, et même des financements de formation via le Compte Personnel de Formation (CPF).

Retrouver confiance : Le cercle vertueux

La reprise professionnelle n’est pas qu’une question financière. Pour Léa, il s’agit aussi de retrouver sa place dans la société, de revivre autre chose que les urgences médicales ou les réunions MDPH, de se sentir utile autrement.

Elle a commencé par quelques heures de bénévolat dans une association. Puis elle a repris une formation en ligne. Et enfin, une entreprise de services à la personne l’a contactée : Son expérience d’aidante les intéressait, précisément pour un poste d’accompagnement auprès d’enfants à besoins particuliers.

Ne pas subir, mais écrire une nouvelle page

Léa n’a pas retrouvé « le même travail qu’avant« . Elle a trouvé un nouveau chemin, à son rythme, avec ses contraintes. Mais surtout, elle a compris une chose essentielle : Elle n’a rien à justifier. Elle n’a pas été inactive. Elle a été active autrement. Et cette période de sa vie, aussi difficile soit-elle, est un puissant levier professionnel, pour peu qu’on apprenne à la présenter, à la revendiquer.

À tous les parents aidants qui veulent reprendre le travail, une seule chose à retenir :

👉 Vous avez de la valeur. Vous avez appris. Vous avez résisté. Vous êtes employables. Et des entreprises humaines existent. Il faut les chercher, les viser… et surtout ne jamais se résigner.

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