Est-il possible qu’un simple élu local, loin des couloirs feutrés de Washington, puisse influencer la politique commerciale des États-Unis en envoyant quelques bouteilles de vin à Donald Trump ? C’est ce qu’a tenté Roland, un homme au franc-parler typique du Sud, persuadé que l’élégance d’un bon cru pouvait faire fondre les murs douaniers les plus rigides…
Dans le calme apparent de la cité médiévale de Carcassonne, où les pierres racontent mille ans d’histoire et les vignes s’étendent à perte de vue, une initiative insolite était en train de fermenter, à l’image des meilleurs cépages de la région. Ce n’était ni un projet de rénovation urbaine ni un événement culturel. Non, cette fois-ci, l’histoire allait prendre une tournure aussi inattendue que romanesque. Elle impliquait un élu local, une caisse de vin, et un nom qui résonne à travers le monde : Donald Trump.
L’élu en question s’appelait Roland Massardier, conseiller municipal passionné par le patrimoine viticole de son territoire, fervent défenseur des vignerons locaux et… amateur de coups d’éclat. Un homme comme on n’en fait plus. Trapu, moustachu, vêtu d’un éternel gilet en laine tricotée par sa mère, il parlait haut et fort, avec cet accent du Sud qui chantonne comme le vent dans les ceps de vigne.
Le déclic d’une idée folle : Faire tomber les taxes avec du vin
Tout avait commencé un matin de février, dans le vieux café du centre-ville, « Le Tire-Bouchon« , où Roland avait ses habitudes. Ce jour-là, les journaux parlaient d’un possible retour de Donald Trump sur la scène politique américaine, et d’un durcissement annoncé sur les droits de douane imposés aux produits français, dont le vin, grande victime des guerres commerciales.
« C’est pas possible ça, encore ces foutues taxes ! », s’était exclamé Roland en tapant sur le zinc. Les vignerons de l’Aude, déjà fragilisés par des années de crise, n’avaient pas besoin d’un obstacle de plus. Surtout pas venu d’un ancien président des États-Unis dont la politique protectionniste risquait de briser encore davantage leurs chances à l’export.
Et c’est là que germa, entre deux gorgées de café serré, l’idée un peu folle qui allait faire le tour du village, puis du département, et bientôt… traverser l’Atlantique.
Une caisse de diplomatie viticole
Roland passa le reste de la journée à arpenter les domaines viticoles alentours. Il ne voulait pas envoyer n’importe quel vin. Il fallait du caractère, du panache, quelque chose qui puisse séduire l’ancien magnat de l’immobilier devenu homme d’État. Il choisit six bouteilles parmi les meilleurs crus de la région, notamment un Minervois 2020, un Corbières charnu, et un rare AOC Malepère, tous issus de domaines indépendants en lutte contre les difficultés économiques.
« Si Trump a du goût, il comprendra. Et sinon, eh bien… il aura bu du bon vin, et ça ne sera pas perdu », plaisanta Roland en scellant la caisse en bois, gravée d’un blason régional.
Avec l’aide d’un traducteur local, il rédigea une lettre à la fois cordiale et provocatrice, qu’il glissa dans la caisse :
Dear Mr. Trump,
In our land, we believe that a good glass of wine can settle even the hardest negotiations. Taste this, and tell me if this deserves to be taxed like cheap vinegar.
Yours sincerely,
Roland Massardier, proud son of Carcassonne.
Le colis fut expédié à la Trump Tower, à New York, sous l’étiquette « Private Gift – Cultural Exchange« . Et la rumeur fit son œuvre.
Les médias s’en emparent : Quand le terroir fait la une
Très vite, l’affaire remonta aux oreilles de quelques journalistes locaux, puis régionaux. Le Figaro, intrigué par cette tentative de diplomatie œnologique, consacra un article complet à cette histoire à la fois drôle et révélatrice d’un malaise plus profond : L’injustice ressentie par les petits producteurs face aux grandes manœuvres commerciales internationales.
Des plateaux de télévision aux radios matinales, l’histoire de Roland fit le tour de France. Certains le moquaient, d’autres l’applaudissaient. Mais tous reconnaissaient une chose : Il avait osé.
Et à Carcassonne, on commençait à rêver. « Et s’il répondait ? Et s’il levait les taxes ? », entendait-on dans les vignes, entre deux vendanges tardives.
Une réponse venue d’ailleurs
Un mois plus tard, un courrier inattendu arriva à la Mairie. Sur l’enveloppe : Un sceau américain, et une adresse new-yorkaise. Roland ouvrit le pli devant les caméras locales. À l’intérieur, une lettre d’un assistant de Donald Trump, sans signature de l’ancien président, mais avec une touche d’humour :
Mr. Massardier,
Thank you for the wine. Mr. Trump has tasted it and commented: “Not bad for a French bottle.”
While we cannot comment on policy decisions, we salute your creativity.
Best regards,
The Office of Donald J. Trump
Pas de promesse, pas de changement officiel. Mais une reconnaissance. Et pour Roland, c’était déjà une victoire.
Le vin, arme diplomatique ou dernier cri du cœur ?
Au fond, cette histoire ne portait pas seulement sur quelques bouteilles envoyées à un milliardaire à la retraite. Elle parlait du désespoir des campagnes, de la fierté du terroir, de l’ingéniosité des petits face aux géants.
Elle rappelait que parfois, dans un monde dominé par les chiffres et les traités opaques, une action simple, humaine, symbolique, peut rallumer une flamme. Celle de l’espoir. Celle de la résistance locale. Et peut-être, celle d’un futur où le bon sens et le bon vin sauront faire tomber les barrières les plus absurdes.
Quand le vin devient ambassadeur
Le geste de Roland n’a peut-être pas renversé les droits de douane. Mais il a mis la lumière sur une cause, redonné du souffle à ses voisins vignerons, et rappelé à tous que la France sait encore parler au monde, non pas seulement avec des mots, mais avec des arômes, du savoir-faire, et un peu de panache.
Et qui sait ? Si la politique ne s’adoucit pas sous l’effet du vin, peut-être faudra-t-il tenter avec du roquefort…
Les droits de douane de Trump : Quel impact réel sur le vin français ?
Lorsque Roland Massardier, élu de Carcassonne, envoya une caisse de vin à Donald Trump dans l’espoir de faire tomber les droits de douane américains sur les vins français, beaucoup rirent de cette initiative insolite. Pourtant, derrière la légèreté de ce geste se cachait une réalité bien plus sérieuse, celle d’un secteur entier mis à mal par une décision politique venue d’outre-Atlantique.
Mais quels sont exactement ces fameux droits de douane imposés par les États-Unis ? Et surtout, quel est leur impact réel sur les vignerons français ?
Un retour en arrière : La taxe Trump et la guerre commerciale transatlantique
Tout commence en octobre 2019, sous la présidence de Donald Trump. En représailles à des subventions européennes jugées illégales par l’OMC au constructeur aéronautique Airbus, les États-Unis imposent des taxes douanières punitives sur 7,5 milliards de dollars de produits européens. Parmi les plus touchés : Les vins français tranquilles (non effervescents), titrant à moins de 14° d’alcool, ainsi que le fromage, l’huile d’olive ou encore les produits de luxe.
La taxe ? 25% à l’entrée du territoire américain. Une sanction lourde qui s’abat sur des produits pourtant sans rapport avec l’industrie aéronautique.
Le choix du vin n’est pas anodin. L’administration Trump sait que le vin est l’un des fleurons français à l’export. Les États-Unis sont le premier marché hors Europe pour le vin français, avec près de 1,3 milliard d’euros d’exportations en 2019.
Les conséquences concrètes pour les producteurs français
Au cœur des appellations, la nouvelle tombe comme une massue. Les petits domaines, déjà confrontés aux aléas climatiques, à la concurrence mondiale, et aux évolutions de la consommation, voient soudain s’effondrer leurs marges aux États-Unis.
👉 Témoignage de Claire, vigneronne dans le Languedoc :
« Nous avions un distributeur à New York qui prenait 3 palettes par an. Après l’instauration de la taxe, il a réduit à une seule. Il ne pouvait pas répercuter les coûts sur ses clients, et nous ne pouvions pas baisser nos prix. On a dû arrêter.«
👉 Témoignage de Michel, producteur à Chablis :
« Les grands crus peuvent absorber le choc, car les clients les veulent à tout prix. Mais les petits producteurs comme nous, on est les premières victimes. »
En 2020, selon les chiffres de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux de France (FEVS), les exportations de vins tranquilles vers les États-Unis chutent de 18% en valeur. Les commandes se reportent partiellement sur des vins italiens, espagnols ou chiliens… épargnés par la taxe.
Les régions les plus touchées : Bordeaux, Bourgogne, Vallée du Rhône
Les appellations les plus prestigieuses ont été frappées de plein fouet, avec des répercussions immédiates sur leurs distributeurs américains. Certains importateurs ont préféré mettre en pause leurs contrats avec la France, se tournant vers des vins californiens ou sud-américains, moins chers et sans droits de douane supplémentaires.
Les régions du sud, comme le Languedoc-Roussillon, ont également souffert, car elles dépendent plus fortement de l’export pour écouler des volumes à prix modéré. Dans un marché déjà concurrentiel, chaque centime compte.
Des contournements… et de l’ingéniosité française
Face à cette situation, plusieurs producteurs français ont tenté de contourner la taxe Trump :
- En expédiant le vin en vrac pour l’embouteiller directement aux États-Unis (moins cher mais risqué en termes de qualité).
- En augmentant les exportations vers d’autres marchés comme le Canada, l’Asie ou le Royaume-Uni.
- En adaptant leur gamme pour proposer des cuvées au-delà de 14° d’alcool ou pétillantes… non concernées par les droits de douane.
Mais pour beaucoup, ces solutions étaient insuffisantes ou trop coûteuses.
2021 : Le souffle d’un apaisement… mais des séquelles durables
Lorsque Joe Biden succède à Donald Trump en janvier 2021, une lueur d’espoir naît. Rapidement, une trêve commerciale est instaurée avec l’Union européenne, et les droits de douane sur le vin sont suspendus pour 5 ans à partir de juin 2021.
Mais le mal est fait.
De nombreux distributeurs américains ont rompu leurs contrats avec la France. La confiance s’est effritée. Certains vignerons ne s’en sont jamais remis. La pandémie de COVID-19, venue aggraver la situation, n’a pas arrangé les choses.
Et maintenant ? L’ombre du retour de Trump plane encore
Alors que Donald Trump est pressenti pour un retour sur la scène présidentielle en 2024, l’incertitude règne à nouveau. Les vignerons redoutent une résurgence de la guerre commerciale. L’initiative de Roland Massardier, qui avait tenté de prévenir la reprise de ces taxes en envoyant du vin à Trump, prend alors une tournure presque prophétique.
Quand le vin devient enjeu géopolitique
Le vin français, produit de culture, de tradition et de passion, s’est retrouvé malgré lui au cœur d’un bras de fer géopolitique. Les taxes imposées sous Donald Trump ont rappelé que la mondialisation ne protège pas les terroirs, et que les décisions prises dans les bureaux de Washington peuvent bouleverser la vie d’un vigneron de Cahors ou de Beaune.
Aujourd’hui, la vigilance est de mise. Le monde du vin français continue d’exporter, de séduire, de rayonner. Mais l’ombre d’une taxe plane toujours, et chacun garde à l’esprit que parfois, une simple bouteille peut devenir un symbole de résistance… ou de résignation.
Comment les producteurs de vin peuvent-ils survivre aux taxes à l’export ?
Dans les collines ensoleillées du Sud-Ouest, au cœur des domaines bordelais ou dans les vallées de la Loire, les vignerons français se sont longtemps concentrés sur la qualité de leurs raisins, la noblesse de leur terroir et la tradition. Mais depuis quelques années, un nouvel ennemi s’invite dans leurs caves : La politique douanière internationale.
Des États-Unis à la Chine, en passant par le Royaume-Uni post-Brexit, les barrières tarifaires ont transformé le commerce du vin en un véritable champ de bataille économique. Et pourtant, certains vignerons s’en sortent. Mieux : Ils innovent, s’adaptent, se transforment.
Voici comment.
L’expédition en vrac : Un pari risqué mais stratégique
Plutôt que d’envoyer leurs bouteilles toutes faites – lourdement taxées à l’arrivée – certains producteurs font désormais le choix d’expédier le vin en vrac, dans de grandes cuves ou conteneurs souples. Le vin est ensuite embouteillé localement, directement dans le pays importateur.
Cette solution permet :
- De réduire les coûts logistiques (moins de poids, moins de volume),
- D’éviter certaines taxes ciblant spécifiquement les bouteilles en verre,
- Et parfois… de contourner astucieusement les barrières tarifaires.
Exemple :
Un domaine du Roussillon a choisi d’envoyer son vin en vrac vers la Californie, où il est embouteillé par un partenaire local sous une marque co-créée. Résultat : Le vin garde son origine française, mais échappe partiellement aux taxes de l’époque Trump.
Limites : Cela nécessite un contrôle qualité très rigoureux. L’image de marque peut en souffrir. Et pour les grands crus, c’est généralement inenvisageable.
Monter une structure commerciale sur place
D’autres producteurs franchissent le pas et ouvrent une filiale commerciale dans le pays visé, ou s’associent à un importateur local. Cette structure leur permet de :
- Réduire le nombre d’intermédiaires,
- Avoir un meilleur contrôle sur les prix de vente,
- Et parfois profiter de statuts fiscaux plus favorables.
👉 Témoignage de Jean-Louis, producteur à Chinon :
« On a ouvert un bureau à Boston avec un petit stock. C’est un investissement, mais ça nous a permis de rester compétitifs et proches du marché américain. »
Cibler de nouveaux marchés plus accessibles
Plutôt que de s’acharner à vendre aux États-Unis ou en Chine, certains domaines préfèrent rediriger leurs efforts vers des marchés émergents ou alternatifs : Canada, Corée du Sud, Scandinavie, Afrique du Sud, Brésil, etc.
Ces marchés sont parfois moins matures, mais :
- La demande de vin français y est croissante,
- Les réglementations sont souvent plus souples,
- Et la concurrence moins féroce.
C’est aussi une façon de diversifier les risques, au lieu de dépendre uniquement d’un ou deux gros pays.
Créer des marques « localisées » pour l’export
Certains producteurs créent désormais des marques dédiées à l’export, avec des étiquettes, des noms, et même des assemblages pensés spécifiquement pour les goûts des consommateurs étrangers.
Par exemple :
- Une cuvée au design « château » revisité pour le marché américain,
- Un rosé plus sucré pour séduire les marchés asiatiques,
- Des packagings innovants (bouteilles légères, bouchons à vis, formats nomades).
C’est le cas du domaine Les Échos du Midi, qui a lancé la gamme “French Rebel” pour le Canada anglophone, avec un branding audacieux et des cépages « trendy« .
Miser sur la vente directe et les circuits courts à l’international
Avec les plateformes numériques, de nombreux vignerons passent désormais en direct par :
- Leur propre site e-commerce (avec des livraisons internationales optimisées),
- Des marketplaces spécialisées dans les vins d’exception (Vivino, Wine.com, Millesima…),
- Des clubs de vin par abonnement à l’étranger.
Cela permet de s’affranchir des intermédiaires et de mieux maîtriser les marges. En outre, la relation client est souvent plus forte, et la fidélisation plus efficace.
Mutualiser les forces avec d’autres vignerons
Les petits domaines isolés n’ont pas toujours les moyens d’affronter seuls les turbulences du commerce mondial. C’est pourquoi des coopératives ou des groupements d’intérêt économique (GIE) voient le jour pour :
- Mutualiser les coûts de transport,
- Créer des marques collectives fortes,
- Partager des ressources marketing et logistiques.
C’est le cas de l’association “Vins du Ventoux à l’Export”, qui regroupe une trentaine de domaines sous une bannière commune. À plusieurs, on pèse plus lourd.
Revaloriser l’image du vin français auprès des douaniers eux-mêmes
Cela peut sembler anecdotique, mais certains vignerons ont fait le choix de la diplomatie culturelle. En organisant des dégustations à l’étranger, en invitant des ambassadeurs et même des douaniers à visiter leurs domaines, ils cherchent à :
- Faire comprendre la valeur artisanale de leur travail,
- Distinguer leur vin des productions industrielles,
- Créer un lien humain qui dépasse les simples chiffres.
La résilience du vignoble français face aux défis du monde
Oui, les droits de douane, les guerres commerciales et les tensions diplomatiques pèsent lourd sur les épaules des vignerons français. Mais le vin est aussi une école de patience et de stratégie.
Face aux obstacles, les producteurs ne restent pas les bras croisés. Ils s’adaptent, innovent, repensent leurs modèles, et inventent de nouvelles façons de faire rayonner leur savoir-faire à l’international.
Car après tout, le vin n’est pas qu’un produit : C’est un ambassadeur, un message, un art de vivre.
Et tant qu’il y aura des hommes et des femmes pour le porter haut, ni Trump, ni les taxes, ni aucune barrière douanière ne parviendront à éteindre l’âme du vignoble français.