Émilie s’émerveille devant le dressing bien rangé de sa fille, puis ouvre l’application Vinted. À peine a-t-elle lancé la recherche d’un jean taille 36 qu’une publicité attire son regard : “Virgil, 17 ans, déjà 4 000 € par mois avec la revente de vêtements”. Elle lève les yeux, intriguée… Comment un adolescent encore mineur peut-il gagner autant d’argent, tout en échappant à l’école, à la précarité, et aux codes du monde adulte ?

L’adolescence version business : Bienvenue dans l’univers de Virgil
Virgil Dutilleul n’a que 17 ans, mais il en impose déjà comme un chef d’entreprise aguerri. Là où d’autres adolescents hésitent encore sur leur avenir, entre le lycée, les partiels ou les premiers stages obligatoires, lui a fait un choix radical : Se déscolariser pour mieux entreprendre.
Originaire de Pérols, une commune du sud de la France lovée entre Montpellier et les rives salines de la Méditerranée, Virgil a pris tout le monde à contre-pied. Ce garçon discret, aux traits encore juvéniles mais à l’ambition affirmée, a créé un véritable empire… depuis sa chambre.
Son terrain de jeu ? Vinted, la célèbre plateforme de revente de vêtements d’occasion. Son crédo ? Transformer le vieux pull de mamie ou la doudoune trop grande en pépite convoitée. Son talent ? Voir la mode avant qu’elle ne le soit. Saisir les tendances. Miser sur les pièces qui feront mouche.
De la débrouille à la réussite : Naissance d’un petit prodige
Tout a commencé de manière presque banale. Un jour d’ennui, confiné dans sa chambre, Virgil scrolle sur TikTok. Il tombe sur un jeune Américain qui revend des sneakers et des jeans vintage, avec un slogan aguicheur : “Tu veux faire de l’argent ? Vends ce que tu portes déjà.” L’idée fait tilt.
Ni une, ni deux, il pioche dans ses propres vêtements. Il poste une dizaine d’articles sur Vinted. Quelques heures plus tard, les premières notifications tombent. Des “likes”. Puis des ventes.
Son premier billet de 20 € généré en ligne, c’est une révélation. “J’ai compris que je pouvais faire plus que de l’argent de poche”, explique-t-il, les yeux brillants. Alors, il fouille les placards de la maison, ceux des cousins, des copains, puis commence à chiner dans les friperies de Montpellier.
Chaque pièce devient un potentiel. Chaque vêtement est retouché, mis en valeur, repassé, shooté avec soin. Très vite, Virgil ne se contente plus de vendre de l’occasion : Il sélectionne, transforme, repense la fringue comme un objet de désir.
4 000 euros par mois à 17 ans : Mythe ou réalité ?
“Certains me disent que je gâche ma jeunesse”, confie Virgil dans un souffle, en ajustant la lumière pour photographier une veste en cuir des années 90. Pourtant, quand ses camarades comptent leurs heures de baby-sitting ou leurs shifts au fast-food, lui aligne déjà les milliers d’euros.
Sa boutique Vinted affiche un chiffre d’affaires mensuel pouvant grimper jusqu’à 4 000 euros, sans compter les collaborations qu’il commence à signer sur les réseaux. Car Virgil n’est pas qu’un revendeur. Il est aussi influenceur.
Sa marque personnelle s’appelle “Menose” — un mot inventé, à la sonorité mystérieuse, qui intrigue. Il vend désormais ses propres créations, mêlant vintage, modernité et conscience éthique.
Sur TikTok, il aligne les vidéos de conseils, de “haul”, de storytelling entrepreneurial. Son audience, majoritairement jeune, adore son ton cash, son style minimaliste, et surtout : Son audace.
Une déscolarisation assumée… et controversée
À l’âge où l’on passe normalement son bac, Virgil a claqué la porte du lycée. Un choix audacieux, qui inquiète certains, à commencer par ses parents. “J’ai mis du temps à les convaincre”, reconnaît-il. “Mais quand ils ont vu que je pouvais gagner plus qu’un smic en quelques semaines, ils ont compris que ce n’était pas juste une lubie.”
Virgil ne rejette pas l’école. Il critique un système “pas adapté à tous”, et se dit autodidacte. Il lit des livres sur le marketing digital, suit des MOOC sur le e-commerce, se forme sur YouTube.
Sa vie est une combinaison de rigueur, de flair et d’organisation. À 6 h du matin, il est déjà debout pour préparer les colis à envoyer. Il connaît les tarifs postaux par cœur. Il négocie, répond aux clients, gère ses stocks, analyse les tendances.
Le week-end, il part chiner à Sète, Nîmes ou Perpignan. Loin des boîtes de nuit et des bringues adolescentes, Virgil est déjà dans le concret.
Ce que dit la loi : Peut-on vraiment entreprendre à 17 ans ?
Virgil étant encore mineur, son activité légale dépend du cadre familial. Ce sont ses parents qui ont dû ouvrir une micro-entreprise en leur nom, avant qu’il ne puisse la reprendre à sa majorité.
Une situation “tolérée” par les plateformes comme Vinted, qui ferment souvent les yeux sur les comptes d’adolescents tant qu’aucune plainte n’est formulée. Mais cela pose question : La loi protège-t-elle suffisamment ces jeunes entrepreneurs du numérique ?
Pour l’instant, Virgil avance prudemment, bien entouré. Il envisage déjà de créer une société dès ses 18 ans pour professionnaliser son activité et éviter tout blocage administratif.
Des projets plein la tête : L’avenir d’un “self-made teenager”
Virgil ne compte pas s’arrêter là. Son rêve ? Ouvrir une boutique physique, quelque part dans le centre de Montpellier, où il mixerait showroom, atelier et espace de shooting pour créateurs indépendants.
Il veut aussi faire connaître Menose, sa marque, au-delà des frontières régionales, en collaborant avec des artistes, des graphistes, des musiciens.
Il envisage même d’écrire un livre : “Comment j’ai bâti un empire avec mon téléphone.” Provocateur ? Peut-être. Mais lucide. Car il incarne cette génération qui refuse les cases, qui ose dès le plus jeune âge, et qui transforme un smartphone en outil de liberté.
📌 Un modèle inspirant, mais pas à copier sans réfléchir
Virgil est un ovni, un électron libre, un modèle pour certains… et une source d’inquiétude pour d’autres. Car derrière le succès, il y a aussi une immense pression. Pas de vacances, pas de filet, pas d’échec possible.
Mais son histoire prouve que le travail, la détermination et la créativité n’ont pas d’âge.
Et qu’à 17 ans, on peut déjà bouleverser les codes de l’économie, redéfinir les usages de la mode, et prouver que l’on peut entreprendre autrement… depuis sa chambre, avec une pile de jeans, un fer à repasser, et une bonne connexion Wi-Fi.