Vivre loin, travailler en ville : le témoignage de Racheal Kaur qui parcourt 800 km en avion chaque jour pour aller au bureau.

Elle prend l’avion chaque jour pour aller travailler 

INSOLITE

Se lever aux aurores, attraper un vol avant le lever du soleil, travailler toute la journée, puis reprendre l’avion le soir pour rentrer auprès de ses enfants. Pour la majorité des travailleurs, un tel quotidien relèverait du cauchemar. Mais pour Racheal Kaur, une employée malaisienne, c’est une routine bien rodée.

Du lundi au vendredi, cette assistante manager dans le département des opérations financières d’AirAsia parcourt près de 800 km aller-retour, reliant sa maison à Penang, au nord-ouest de la Malaisie, à son bureau situé à Sepang, près de Kuala Lumpur.

Si cette histoire peut sembler invraisemblable, elle soulève des questions fascinantes sur la quête d’un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, mais aussi sur l’impact écologique et économique d’un tel mode de vie.

Pourquoi choisir un tel mode de transport ?

À l’origine, Racheal Kaur vivait à Kuala Lumpur, loin de sa famille. Elle ne voyait ses enfants, âgés de 11 et 12 ans, que le week-end. Un rythme de vie qui l’a poussée à prendre une décision radicale : Renoncer à un logement proche de son lieu de travail et rentrer chez elle chaque soir en avion.

Le coût de la vie élevé à Kuala Lumpur a également pesé dans la balance. En décembre 2023, elle a décidé de tester cette nouvelle organisation. Après plusieurs semaines d’adaptation, elle y a trouvé son équilibre.

« Se lever chaque jour à 4h du matin est épuisant, mais dès que je rentre et que je vois mes enfants, toute la fatigue disparaît. C’est un bonheur. »

Une journée chronométrée au millimètre près

Racheal commence sa journée à 4h du matin. Elle se prépare rapidement et quitte la maison vers 5h pour rejoindre l’aéroport de Penang. À 5h55, elle embarque pour un vol de 40 minutes.

Arrivée à Kuala Lumpur, elle prend ensuite un taxi ou un transport en commun pour rejoindre son bureau, où elle commence sa journée de travail vers 7h45.

Après une journée bien remplie, elle reprend un vol en soirée pour rentrer chez elle aux alentours de 19h30.

« Chaque vol me donne l’occasion de prendre du temps pour moi. Je prie, je réfléchis à ma vie, puis j’écoute de la musique en regardant la nature par le hublot. »

Un choix plus économique qu’il n’y paraît

Même si prendre l’avion tous les jours peut sembler être un luxe inaccessible, Racheal Kaur assure que cette solution lui coûte moins cher que de vivre à Kuala Lumpur.

Avant de prendre cette décision, elle dépensait 474 dollars (452 euros) par mois en loyer et frais de transport dans la capitale malaisienne. Aujourd’hui, son budget mensuel est tombé à 316 dollars (301 euros), soit une économie substantielle.

Les vols intérieurs en Malaisie, notamment avec AirAsia, sont peu chers grâce aux tarifs préférentiels pour les employés et à la compétitivité du marché aérien local.

Un impact écologique considérable

Si le mode de vie de Racheal Kaur est fascinant, il pose une question de durabilité environnementale.

Chaque vol qu’elle emprunte émet environ 140 kg de CO2, soit un total de 280 kg par jour et plus de 60 tonnes de CO2 par an.

En comparaison, un passager effectuant un trajet quotidien en train émettrait jusqu’à 50 fois moins de CO2.

Dans un contexte où les entreprises et les gouvernements prônent des solutions plus durables, ce type de navette quotidienne interroge sur l’avenir du transport aérien pour les déplacements domicile-travail.

L’avion, un nouveau moyen de transport du quotidien ?

L’histoire de Racheal Kaur s’inscrit dans une tendance mondiale : Celle des travailleurs qui repoussent les limites de la mobilité pour concilier carrière et qualité de vie.

En Europe, certains salariés font quotidiennement Paris-Londres en Eurostar, ou encore New York-Washington en train rapide. Dans des pays où les distances sont grandes, comme les États-Unis ou l’Australie, l’avion devient parfois un outil de transport quotidien pour certaines professions.

Mais à l’heure où l’empreinte carbone devient un critère essentiel dans les décisions individuelles et politiques, cette solution est-elle vraiment viable sur le long terme ?

Une décision personnelle… mais un débat collectif

Pour Racheal Kaur, la question est tranchée : Son bien-être familial passe avant tout. Ce choix, aussi extrême soit-il, lui permet d’être présente pour ses enfants tout en poursuivant sa carrière.

Mais pour la planète et l’évolution des modes de transport, des questions restent en suspens :

  • Les compagnies aériennes doivent-elles encourager ce type de trajet quotidien ?
  • Les travailleurs pourraient-ils bénéficier de solutions plus écologiques, comme des trains à grande vitesse ?
  • Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour concilier travail et vie de famille ?

Une chose est certaine : L’histoire de Racheal Kaur ne laisse personne indifférent.

📌 Et vous, seriez-vous prêt à prendre l’avion chaque jour pour aller travailler ?

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