« Est-ce qu’on peut vraiment parler de malchance… ou y a-t-il quelque chose de pourri dans les tirages de la FDJ ? » s’interroge Théo, un quinquagénaire passionné de numérologie, après avoir découvert l’incroyable histoire d’un joueur ayant perdu 46 fois à l’Euromillions avant de porter plainte.
Il s’appelait Clément*. Il avait 52 ans, vivait dans une banlieue paisible de l’Oise, entre deux mondes : Celui du réel, fait de factures et d’insomnies, et celui du rêve, peuplé de jackpots et d’évasions lointaines. Pendant plus de deux ans, Clément a joué inlassablement à l’Euromillions, comme des millions d’autres Français chaque semaine, espérant que la chance tournerait. Mais elle ne l’a jamais fait. Ou plutôt, elle a tourné dans l’autre sens.
Clément n’était pas un joueur compulsif. Il ne dépensait pas des sommes folles. Ce qu’il voulait, ce n’était pas devenir milliardaire – simplement offrir à sa fille un avenir universitaire sans dette, et à sa compagne, souffrant d’un cancer récidivant, la possibilité de se faire soigner dans une clinique suisse réputée. Alors, Clément misait. Une grille, deux, parfois trois. Toujours avec l’option My Million, ce code généré automatiquement qui garantit à chaque tirage qu’un joueur en France remportera un million d’euros. Un seul.
Mais après 46 tirages consécutifs, tous perdants, et aucune sélection de son code My Million, Clément s’est effondré.
L’obsession des chiffres, la naissance du doute
À partir du 30e tirage perdu, quelque chose s’est éveillé en lui. Pas de la colère, mais une suspicion froide, arithmétique. Il avait noté chaque code attribué. Il s’était mis à créer un tableur Excel. Il analysait les répartitions, les fréquences, les localisations géographiques des gagnants annoncés. Très vite, un motif étrange a émergé : Selon lui, une concentration anormale des gains My Million dans certaines régions, avec un nombre anormalement faible de codes débutant par certaines lettres.
« On veut nous faire croire que c’est aléatoire, mais j’ai des doutes », écrivait-il dans un courriel adressé à un avocat de son quartier, spécialisé en droit des consommateurs.
Clément, méthodique, a alors décidé de porter plainte contre la Française des Jeux (FDJ). La requête était claire : Il réclamait 4,6 millions d’euros, soit 100 000 euros par tirage perdu, au titre de la perte de chance et de l’inégalité de traitement entre joueurs. Une plainte inédite, tant par son objet que par sa portée symbolique.
Une plainte qui dérange
Lorsqu’il dépose son dossier au tribunal judiciaire de Paris, Clément ne s’attend pas à ce que son affaire soit médiatisée. Mais quelques semaines plus tard, un journaliste judiciaire en quête d’anecdotes la découvre et la publie sous un titre accrocheur : « Il perd 46 fois à l’Euromillions et attaque la FDJ : une plainte qui fait trembler la chance. »
La FDJ, interpellée, réagit immédiatement. Par la voix de son porte-parole, elle se dit « sereine quant à la régularité de ses tirages et à la transparence des codes My Million ». L’affaire, toutefois, est embarrassante. Elle oblige l’opérateur de jeux à expliquer en détail son système d’attribution des codes et à faire appel à des experts statistiques pour en démontrer la fiabilité.
Clément, lui, se retrouve pris dans une tempête médiatique. Sur les réseaux sociaux, il devient une figure à la fois moquée et admirée. Certains l’accusent d’être un mauvais perdant. D’autres, au contraire, voient en lui un lanceur d’alerte courageux contre une machine opaque qui brasse des milliards.
Le procès : Entre mathématiques et foi
Devant les juges, Clément arrive seul, sans robe, sans armée d’avocats. Il a passé des nuits blanches à préparer ses conclusions. Sur 72 pages, il expose ses analyses, ses doutes, ses projections. Il évoque aussi le désespoir d’un père, la maladie de sa compagne, et cette impression persistante que l’on se moque de lui.
« Je ne demande pas la lune. Je demande qu’on regarde la mécanique derrière le rideau. »
L’avocat de la FDJ, lui, ironise sur la prétendue théorie du complot et rappelle que le hasard, par définition, n’obéit à aucune logique humaine. Il cite les études d’huissiers, les contrôles internes, la certification des algorithmes.
Le juge, attentif, ne tranche pas dans l’émotion. Le 15 avril 2025, le verdict tombe : La demande est jugée irrecevable. Clément est condamné à verser 1 500 € à la FDJ pour frais de procédure. Le tribunal estime que sa plainte repose sur des suppositions et non sur des éléments probants de fraude ou d’anomalie.
Un perdant devenu symbole
Clément a perdu. Encore. Mais cette 47e défaite, plus publique que les autres, a réveillé un débat latent sur la transparence des jeux de hasard en France.
Depuis, des collectifs de joueurs se sont organisés. Ils réclament l’accès aux bases de données des codes My Million, un audit indépendant, et une réforme du mode d’attribution. Une pétition en ligne a déjà réuni plus de 80 000 signatures.
Quant à Clément, il a quitté l’Oise. Il vit aujourd’hui dans un petit village breton, où il écrit un livre : « L’illusion du hasard« . Il y parle de probabilités, de douleur, mais aussi d’espérance.
Il ne joue plus. Ou plutôt, il joue autrement.
Un système infaillible… ou impénétrable ?
À l’heure où la FDJ s’apprête à entrer en Bourse et où les mises explosent grâce aux jackpots européens, cette affaire rappelle que la confiance du public est fragile. Et que derrière chaque grille cochée dans l’euphorie, il y a une histoire. Une vie. Une personne comme Clément, qui n’a pas perdu 46 fois. Mais qui a donné 46 fois sa chance à un rêve… qui ne lui est jamais revenu.
(*) Prénom modifié à la demande de la rédaction.