Maya : « Comment une alliance stratégique s’est-elle muée en une haine brûlante qui dure depuis près d’un demi-siècle ? Pourquoi Israël et l’Iran, jadis partenaires, sont-ils aujourd’hui au bord d’un affrontement direct ? »
Guerre Israël-Iran : 45 ans de haine nourrie par l’Histoire
Ils furent jadis discrets alliés, presque complices dans l’ombre. Mais aujourd’hui, tout les oppose : La religion, la géopolitique, la technologie, et surtout la vision du monde. Israël et l’Iran, deux puissances régionales, s’observent depuis 45 ans comme deux prédateurs s’apprêtant à bondir, chacune persuadée que l’autre représente une menace existentielle.
Mais comment en est-on arrivé là ? Pourquoi cette haine est-elle aussi enracinée, aussi profonde, aussi irrémédiable ? Pour le comprendre, il faut revenir à une époque que peu de jeunes générations connaissent : L’avant 1979.
🌐 Avant la haine : Une alliance discrète et stratégique
Dans les années 1960-70, sous le règne du Shah Mohammad Reza Pahlavi, l’Iran était un État laïque, riche, tourné vers l’Occident. Israël, quant à lui, jeune État né en 1948, peinait à s’imposer dans un environnement arabe ultra hostile. Tous deux partagent alors des intérêts géopolitiques communs.
C’est une alliance de raison, secrète, mais efficace. Israël forme les forces de sécurité du Shah, vend des armes, conseille sur la lutte contre l’insurrection kurde. En retour, l’Iran fournit du pétrole. Le Mossad et le SAVAK – les services secrets israélien et iranien – collaborent étroitement.
Mais ce fragile édifice s’effondre en 1979, lorsqu’un vent de révolte islamique balaie la Perse millénaire…
🔥 1979 : La révolution islamique et la naissance d’un ennemi
L’ayatollah Khomeini renverse le Shah et fonde la République islamique. C’est un séisme diplomatique. L’Iran rompt immédiatement ses relations avec Israël, ferme son ambassade, et la cède symboliquement à l’Organisation de libération de la Palestine. Un message clair : Désormais, Israël est « l’ennemi à abattre ».
Khomeini qualifie Israël de « tumeur cancéreuse » au cœur du monde musulman. Le dernier vendredi du Ramadan devient le « Jour de Qods« , dédié à la mobilisation contre l’État hébreu. Une nouvelle ère commence : Celle de la rhétorique de destruction.
🧨 Années 1980-1990 : La guerre par procuration commence
Pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988), Israël, paradoxalement, soutient l’Iran en secret, pour affaiblir Saddam Hussein. Mais ce pragmatisme ne dure pas. En 1982, la guerre du Liban voit émerger un acteur central du conflit à venir : Le Hezbollah.
Financé et armé par l’Iran, entraîné par les Gardiens de la Révolution, le Hezbollah devient rapidement le bras armé iranien à la frontière nord d’Israël. Une guerre de l’ombre s’engage.
En parallèle, Téhéran développe une rhétorique de plus en plus virulente. Dans les années 90, Israël commence à s’inquiéter sérieusement du programme nucléaire iranien. Un tournant s’opère.
☢️ 2000-2020 : Assassinat, sabotages et tensions nucléaires
Israël intensifie ses efforts pour freiner le développement nucléaire de l’Iran. Mossad et unité 8200 multiplient les cyberattaques (comme Stuxnet en 2010), les assassinats ciblés de scientifiques iraniens, les actes de sabotage dans les installations nucléaires de Natanz ou Fordow.
Téhéran riposte par des attaques indirectes via ses alliés régionaux : Le Hezbollah au Liban, les milices chiites en Irak, les Houthis au Yémen, le Hamas à Gaza. C’est la guerre par procuration, sourde, mais incessante.
L’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015 par Obama (JCPOA) donne un léger répit. Mais en 2018, Trump s’en retire, relance les tensions, et Israël applaudit. Les hostilités reprennent, plus fortes que jamais.
🚀 2024-2025 : L’affrontement devient direct
Le 1er avril 2024, Israël bombarde le consulat iranien à Damas, tuant plusieurs commandants de la Garde révolutionnaire, dont Mohammad Reza Zahedi, un haut gradé du Corps des Gardiens de la révolution islamique.
Le 13 avril, l’Iran riposte : Plus de 300 drones et missiles sont tirés vers Israël. C’est la première attaque directe entre les deux pays de toute leur histoire. Grâce à son système Dôme de fer et à l’aide américaine, israélienne, britannique et jordanienne, 99% des projectiles sont interceptés. Mais l’escalade est enclenchée.
En juin 2025, Israël mène une frappe aérienne massive sur l’Iran, visant des centres militaires, des sites nucléaires, et plusieurs bases de la Garde révolutionnaire. La tension atteint un sommet.
Les États-Unis entrent dans la danse. Le 22 juin 2025, ils bombardent directement des cibles iraniennes. La guerre qui n’était que par procuration devient partiellement ouverte.
🕊️ Deux visions inconciliables du monde
Au-delà de la stratégie et des armes, Israël et l’Iran sont porteurs de visions du monde diamétralement opposées. L’un est un État démocratique, ancré dans l’Occident, défenseur de la modernité. L’autre est une théocratie chiite, militante, en lutte contre l’« impérialisme » et l’ordre mondial établi.
Leur affrontement dépasse les simples frontières : C’est un choc civilisationnel, une lutte d’influence sur tout le Moyen-Orient.
⚰️ Et maintenant ?
Le conflit Israël-Iran entre dans une nouvelle ère, plus dangereuse, plus directe, plus imprévisible. Une étincelle suffit pour embraser toute la région.
Et pourtant, dans cette haine vieille de 45 ans, il reste une certitude : Tant que l’idéologie l’emportera sur la diplomatie, la paix ne sera qu’un mirage.
Article très intéressant, merci.