Position "brace" en avion : pourquoi les membres d’équipage s'assoient-ils sur leurs mains pendant le décollage et l'atterrissage ?

Pourquoi les hôtesses de l’air et les stewards s’assoient-ils sur leurs mains pendant le décollage et l’atterrissage ?

SOCIETE

Le ciel était parfaitement bleu ce matin-là, au-dessus de l’aéroport international de Roissy. Le vol AF732 s’apprêtait à décoller vers Montréal. À bord, le calme apparent régnait parmi les passagers. Dans la cabine, tout était prêt : Les compartiments étaient fermés, les téléphones en mode avion, les ceintures attachées.

Assise discrètement sur son siège escamotable, près de la porte avant, Claire, cheffe de cabine aguerrie depuis 12 ans, glissa lentement ses mains sous ses cuisses, paumes vers le haut. Ses collègues firent de même, un léger regard complice échangé entre eux.

Pourquoi ce geste si étrange, si peu connu du grand public ?

Une tradition ? Pas du tout. Une question de survie

Les passagers l’ignorent souvent, mais les membres d’équipage appliquent une procédure strictement codifiée appelée position « brace » (ou position d’impact), dictée par les autorités de l’aviation civile.

Cette position de sécurité est conçue pour optimiser la protection corporelle lors des phases critiques du vol : Le décollage et l’atterrissage. Ce sont statistiquement les moments où le risque d’accident est le plus élevé.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, s’asseoir sur ses mains n’est ni une superstition ni une simple habitude professionnelle. C’est une mesure de sécurité vitale, enseignée dans toutes les formations de PNC (Personnel Navigant Commercial).

Le rôle fondamental de la position « brace »

Claire le sait : En cas de choc violent, les instincts naturels jouent souvent contre nous. Face à un impact soudain, le cerveau envoie un ordre réflexe : Tendre les bras pour se protéger. Cela peut entraîner des blessures graves aux poignets, aux avant-bras ou même au visage.

En verrouillant les mains sous les cuisses, les hôtesses et stewards inhibent ce réflexe. Leurs membres supérieurs sont ainsi protégés et resteront en parfait état pour accomplir leur mission prioritaire : Évacuer les passagers en quelques secondes, si besoin.

Par ailleurs, cette posture permet de :

👉 Stabiliser la colonne vertébrale, en gardant le dos bien calé contre le dossier.
👉 Renforcer la posture corporelle, pour mieux absorber les forces d’un éventuel choc.
👉 Prévenir les blessures cervicales et lombaires.
👉 Être prêt à se redresser instantanément au signal de l’équipage de cockpit.

Un entraînement rigoureux et codifié

Lors de leur formation initiale, puis lors des sessions annuelles de recyclage, les membres d’équipage répètent la séquence complète de la position « brace » :

  • Pieds fermement ancrés au sol, légèrement en arrière.
  • Dos droit contre le dossier.
  • Menton rentré vers la poitrine (pour protéger les cervicales).
  • Mains sous les cuisses, paumes vers le haut.

Cette posture n’est pas laissée au hasard : Elle est définie par des normes internationales édictées par l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) et les autorités nationales (en France, la DGAC).

Pourquoi les passagers ne la suivent-ils pas ?

Il est frappant de constater que cette position n’est généralement pas enseignée aux passagers.

Pourquoi ?

Tout simplement parce qu’elle demande une préparation mentale et physique adaptée. Chez un passager non formé, tenter d’adopter cette posture pourrait générer du stress ou de la confusion en cas d’urgence. En revanche, les consignes données aux passagers (pencher la tête en avant, bras croisés sur les genoux, ou se tenir au siège devant soi) visent un objectif similaire : Protéger les zones vitales du corps.

La clé : Rester opérationnel

Pour Claire et ses collègues, s’asseoir sur les mains est avant tout un moyen de garantir qu’ils pourront agir efficacement en cas de situation critique. Après un crash ou un atterrissage d’urgence, chaque seconde compte pour évacuer un avion en flammes ou en situation périlleuse.

Les premiers gestes sont essentiels : Débloquer les ceintures, ouvrir les portes, activer les toboggans, guider les passagers paniqués vers les issues. Si les bras et les mains sont blessés, l’équipage ne pourra plus remplir ce rôle crucial.

Un détail visible, un engagement invisible

La prochaine fois que vous monterez dans un avion, observez discrètement l’équipage lors du décollage ou de l’atterrissage. Vous verrez peut-être ce geste discret : Les mains bien cachées sous les cuisses.

Ce détail témoigne de l’engagement constant des hôtesses et stewards pour votre sécurité. Car au-delà du service, des sourires et des plateaux repas, ces hommes et ces femmes sont avant tout des professionnels de la survie en milieu aérien.

Un geste discret, mais essentiel pour votre sécurité à bord

Ce simple geste — s’asseoir sur ses mains — illustre parfaitement la philosophie de la sécurité aérienne : Chaque détail compte, chaque posture est pensée pour protéger, anticiper, sauver.

Alors, la prochaine fois qu’une hôtesse ou un steward croisera votre regard, mains sous les cuisses et regard concentré, souvenez-vous : Elle ou il est prêt à tout, pour vous aider à sortir vivant de l’avion, même dans les pires scénarios.

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