Camille : Comment une mère a-t-elle pu infliger tant de souffrance à son propre enfant, au point de la priver de toute chance de survie ?
L’affaire Amandine a bouleversé la France. Cette adolescente de 13 ans, victime de maltraitances et de privations, a succombé à la faim et à la négligence. Sa mère et son compagnon sont aujourd’hui jugés devant la cour d’assises de Montpellier. Retour sur une tragédie qui interpelle sur les failles de notre société.
Une enfance marquée par la violence
Dès son plus jeune âge, Amandine a subi des violences physiques et psychologiques. Dans son école primaire, elle était souvent surprise à voler les goûters de ses camarades, un acte désespoir qui traduisait une faim chronique. Malgré des signalements successifs de l’éducation nationale et des services sociaux, aucune mesure n’a été prise pour la protéger.
Les blessures visibles sur son corps ont été imputées à des accidents ou à des prétextes médicaux par sa mère. En 2014, une enquête pour violences sur mineur par ascendant a été classée sans suite. Les failles du système de protection de l’enfance sont au cœur de ce drame.
L’isolement d’Amandine au sein de sa famille
Amandine était considérée comme le « vilain petit canard » de la maison. Selon les témoignages, elle était plus sévèrement punie que ses frères et sœurs et souvent privée de nourriture. Pendant le confinement de 2020, la situation s’est aggravée. Retirée de son internat, Amandine a été enfermée dans un débarras, une pièce sans lumière naturelle et équipée d’une caméra de surveillance.
La maigreur extrême de l’adolescente était visible, mais ni sa mère ni son compagnon n’ont agi pour lui venir en aide. Au moment de sa mort, Amandine pesait seulement 28 kilos pour 1,55 mètre. L’autopsie a révélé une crise cardiaque due à une septicémie causée par des négligences graves.
Le rôle des proches et des institutions
Frédéric, le père d’Amandine, a découvert l’ampleur du calvaire de sa fille après sa mort. Privé de ses droits parentaux suite à des conflits judiciaires avec son ex-compagne, il n’avait qu’un contact limité avec ses enfants. Il décrit Amandine comme une enfant joyeuse, évoquant avec émotion les souvenirs de moments heureux partagés ensemble.
Les signalements répétés de l’école et des services sociaux auraient dû être suffisants pour intervenir. Pourtant, les autorités n’ont jamais adopté de mesures efficaces pour protéger Amandine.
Un procès pour rendre justice à Amandine
Le procès de Sandrine P. et de Jean-Michel C. est un moment décisif pour faire la lumière sur ce drame. Sandrine P. encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour actes de tortures et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Jean-Michel C., jugé pour privation de soins et de nourriture ayant entraîné la mort, risque jusqu’à 30 ans de prison.
Frédéric espère que ce procès permettra de réhabiliter l’image de sa fille et de sensibiliser l’opinion publique aux conséquences tragiques des maltraitances infantiles. « C’est un temps pour mettre en avant Amandine, pour dire au monde qu’elle était une très belle personne, une victime d’atrocités qui n’aurait jamais dû être commises. »
Une réflexion essentielle sur la protection de l’enfance
Cette affaire met en lumière les carences du système de protection de l’enfance et pose des questions essentielles : Comment renforcer les dispositifs de détection des maltraitances ? Comment s’assurer que les signalements soient pris au sérieux et traités rapidement ?
En attendant, la mémoire d’Amandine reste gravée dans les esprits, comme un appel à ne jamais fermer les yeux sur la souffrance des plus vulnérables.