drones en prison

« Nous sommes complètement impuissants » : Près de 200 colis projetés et livrés dans une prison de Nantes

SOCIETE

Dimanche 22 décembre 2024, alors que l’horloge de la maison d’arrêt de Nantes-Carquefou indiquait 15 heures, les agents pénitentiaires n’étaient pas prêts pour ce qu’ils allaient vivre. Dans la cour, lors des heures de promenade, un ballet inattendu prenait forme au-dessus des murs : Près de 200 colis ont été projetés, rendant cette journée d’hiver particulièrement tendue pour le personnel pénitentiaire. Parmi ces intrusions, un épisode, encore plus marquant, révélait toute la sophistication de ces actes : Un drone s’élève silencieusement, transportant un colis à destination d’un détenu « à risques » en quartier disciplinaire.

Une pluie de colis : Entre improvisation et organisation millimétrée

« Du jamais vu », confie un agent sous le choc. Les 197 projections recensées ce jour-là illustrent une organisation minutieuse. Parmi les objets retrouvés : Des téléphones portables, des stupéfiants, et même des armes de poing dissimulées dans des emballages soigneusement préparés. Pour les détenus, ces livraisons constituent une véritable manne leur permettant de maintenir leur emprise ou d’établir de nouveaux réseaux.

Mais l’événement le plus marquant reste sans doute celui d’un détenu en quartier disciplinaire. Ce narcotrafiquant, incarcéré pour une énième affaire de crime organisé, reçoit son « cadeau de Noël » directement à la fenêtre de sa cellule grâce à un drone. Les agents, en alertant immédiatement les forces de sécurité interne, parviennent à confisquer le colis, mais non sans amertume. « C’est une lutte sans fin. Ils sont de plus en plus inventifs », soupire un surveillant.

Une réalité technologique incontrôlable

Le phénomène des drones s’accélère dans les prisons. Silencieux, maniables et capables de franchir les murs, ils permettent des livraisons ciblées avec une précision redoutable. En 2024, les confiscations de smartphones dans la maison d’arrêt ont explosé : Plus de 1 200 appareils saisis contre 914 en 2023. Du côté des armes, les chiffres sont tout aussi alarmants, avec un doublement des saisies.

Ces livraisons illégales soulèvent des questions majeures : Comment contrer une technologie si accessible ? Les brouilleurs de drones, bien qu’utilisés dans certains établissements, restent insuffisants ou inopérants sur le long terme.

Les conséquences sur la vie carcérale

Ces projections et livraisons par drones bouleversent l’équilibre déjà fragile des prisons. Les téléphones permettent aux détenus de continuer à gérer leurs affaires depuis leur cellule, tandis que les stupéfiants entretiennent des tensions internes entre groupes rivaux. Quant aux armes, elles représentent une menace directe pour les surveillants et les autres détenus.

« La situation devient intenable », alerte un délégué FO du centre pénitentiaire. Pour le personnel, ces intrusions constituent une source de stress permanent et minent leur sentiment de sécurité. « Nous avons besoin d’une réponse ferme de l’administration », revendique-t-il.

Des mesures insuffisantes face à l’ampleur du phénomène

En réponse, l’administration pénitentiaire annonce le déploiement de nouveaux agents spécialisés dans la « sécurité périmétrique ». Leur mission sera de surveiller les abords de la prison et d’anticiper les intrusions. Cependant, ces mesures restent limitées face à l’ingéniosité des réseaux criminels.

Des solutions technologiques plus ambitieuses, telles que les filets anti-drones ou les systèmes de détection par radar, devraient être envisagées. La coopération avec les forces de l’ordre extérieures pourrait également aider à identifier et neutraliser les personnes impliquées dans ces livraisons.

Une crise nationale

Si la prison de Nantes est sous les projecteurs, le problème est loin d’être isolé. Partout en France, les établissements pénitentiaires font face à une augmentation des projections et des intrusions. Cette tendance nationale met en lumière les failles systémiques du système carcéral, appelant à une refonte profonde des stratégies de sécurité.

Une réponse urgente face à une menace technologique

L’épisode de la prison de Nantes-Carquefou est le reflet d’une époque où les technologies modernes sont utilisées à des fins illicites, mettant à mal des infrastructures souvent dépassées. Pour y faire face, une réponse rapide et adaptée est essentielle, combinant innovation technologique et renforcement des moyens humains. En attendant, les agents pénitentiaires continuent leur combat quotidien dans un climat d’insécurité croissante.

Laisser un commentaire