Clémence : « Peut-on encore croire aux miracles à notre époque ? L’histoire d’Antonietta, miraculée à Lourdes, ranime-t-elle la foi que beaucoup croyaient perdue ? »
Antonietta ne demandait plus rien à la vie
À 51 ans, son corps était devenu une prison. Chaque mouvement, chaque respiration, chaque pensée même, semblait être passée au crible d’un destin cruel qui s’acharnait sur elle avec une précision méthodique. Elle n’était pas née croyante. Pas vraiment. Mais quand la médecine a lâché prise, quand les médecins ont baissé les yeux et cessé de lui dire « on va essayer« , elle s’est tournée vers l’impensable : La foi.
La sclérose latérale primitive – une maladie rare, dégénérative, implacable. Les spécialistes lui avaient parlé de dégradation lente, irréversible, du système moteur. Elle avait regardé les images IRM, écouté les neurologues débattre de traitements qui ne faisaient qu’endiguer. Elle avait pleuré. Hurlé. Puis s’était tue.
Un pèlerinage comme dernier espoir
C’était son neveu qui avait parlé de Lourdes, d’un voyage organisé avec la paroisse de Modène. Antonietta avait souri avec cette politesse que l’on réserve aux enfants qui rêvent. Mais quelque chose, ce soir-là, l’a poussée à dire oui. Peut-être la lassitude. Peut-être la peur. Ou peut-être – qui sait – un appel qu’elle n’avait pas compris.
Ce fut un voyage douloureux. Le trajet en car, long, éreintant, l’air lourd, les regards pleins de pitié. Mais le 3 mai 2009, alors que la procession aux flambeaux serpentait autour de la grotte de Massabielle, quelque chose se produisit.
Pas une lumière. Pas une voix céleste. Rien d’extraordinaire à l’œil nu.
Seulement une chaleur. Une sensation de légèreté soudaine. Le poids dans ses jambes qui semblait s’évaporer. Et surtout cette voix intérieure, claire, calme, familière, qui lui souffla : « Marche. »
Et Antonietta marcha.
Le miracle n’était pas un spectacle
Elle ne cria pas. Elle ne tomba pas à genoux. Elle n’alerta personne. Ce n’est que le lendemain matin, dans l’église Sainte-Bernadette, que les autres pèlerins découvrirent Antonietta debout, seule, sans fauteuil, le visage illuminé par une paix nouvelle.
Les jours suivants furent un tourbillon. Les médecins présents sur place furent stupéfaits. Les documents médicaux furent immédiatement rassemblés. On parla d’examen approfondi. D’anomalie. De rémission impossible. D’erreur, peut-être.
Mais il n’y avait pas d’erreur. Les IRM comparées parlaient d’elles-mêmes. Le corps d’Antonietta n’était plus celui d’une malade condamnée. Ses fonctions motrices étaient revenues. Sans explication. Sans médicament. Sans rééducation.
15 ans d’attente, d’enquête, de prudence
L’Église ne reconnaît pas un miracle à la légère. Il faut du temps. Beaucoup de temps. Une guérison doit être durable, complète, sans intervention médicale et sans rechute. Pendant des années, Antonietta fut suivie, testée, interrogée. Elle accepta tout avec une patience douce, presque résignée. Elle ne cherchait ni la célébrité, ni la gloire.
Elle disait : « Je veux simplement comprendre pourquoi. »
En 2023, le Bureau Médical de Lourdes rendit un premier avis : Guérison inexpliquée. Les experts neurologues, italiens comme français, ne purent que confirmer. La sclérose latérale primitive ne disparaît pas. Jamais. Or, chez Antonietta, elle n’existait plus.
Le 11 avril 2025, l’évêque de Modène annonça officiellement : « La guérison d’Antonietta Raco est reconnue comme un miracle par l’Église catholique. Elle devient la 72ème miraculée de Lourdes. »
Un symbole d’espoir dans un monde désenchanté
La nouvelle fit le tour de l’Europe. Dans les journaux, à la télévision, sur les réseaux sociaux, le nom d’Antonietta devint viral. Et pourtant, elle, restait silencieuse.
C’est seulement quelques jours plus tard, depuis sa maison en Émilie-Romagne, qu’elle prit la parole : « Je n’ai jamais espéré un miracle. Je ne l’ai pas demandé. J’ai seulement prié pour avoir la force de vivre les jours qui me restaient. Ce que j’ai reçu ce soir-là à Lourdes, c’est un souffle de vie. »
Une foi renouvelée, et un message pour chacun
Le miracle d’Antonietta dépasse la simple dimension religieuse. Il interroge. Il dérange. Il émerveille. Dans un monde saturé de preuves, de données, de protocoles, il rappelle que tout ne s’explique pas.
Il rappelle que l’humain, au plus profond du désespoir, peut encore être touché par quelque chose qui le dépasse. Que dans la nuit, une lumière peut jaillir. Que la foi – qu’elle soit religieuse ou spirituelle – n’est pas une fuite, mais une forme de résistance à l’absurde.
Et Antonietta, du haut de ses 67 ans, le dit simplement : « Je suis vivante. Et si cela peut redonner courage à un seul cœur brisé, alors ce miracle ne m’appartient plus. Il est pour tous. »