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Biarritz : Une association demande de changer le nom du quartier historique de « La Négresse »

SOCIETE

Dans la paisible ville de Biarritz, un quartier réputé pour son charme et son histoire suscite aujourd’hui un vif débat. Le quartier de La Négresse, situé non loin de la gare, se retrouve au cœur d’une controverse nationale. L’association Mémoires et Partages appelle au changement de son nom, le jugeant à la fois raciste et sexiste. Cette affaire pose une question complexe : Comment concilier la mémoire locale et les sensibilités sociétales actuelles ?

Une origine historique contestée

Le nom du quartier remonte au début du XIXᵉ siècle. Selon certaines versions, il aurait été choisi en hommage à une femme noire qui tenait une auberge dans cette zone proche de la gare. Cette explication mémorielle a été mise en avant par les défenseurs du statu quo pour justifier la préservation du nom. Pour eux, il s’agit d’une référence culturelle qui fait partie de l’histoire locale de Biarritz.

Cependant, cette justification ne convainc pas tout le monde. L’association Mémoires et Partages, dirigée par Karfa Diallo, estime que l’expression « La Négresse » porte une connotation raciste et sexiste, inacceptable dans une société moderne. « Personne n’appellerait son amie ou sa sœur “La Négresse” aujourd’hui. Il y a une atteinte à la dignité humaine dans cette appellation », affirme Karfa Diallo.

Un débat judiciaire en évolution

En décembre 2023, le tribunal administratif de Pau a rejeté la requête de l’association, estimant que le nom relevait d’une perspective mémorielle. Cette décision s’appuyait sur l’idée que le quartier ne devait pas être privé d’une partie de son patrimoine historique.

Toutefois, le 16 janvier 2025, un tournant judiciaire a eu lieu. La rapporteur public a requis l’annulation de cette décision, jugeant que le nom pouvait être perçu comme insultant et qu’il portait atteinte à la dignité humaine. Elle a également pointé une « erreur » commise par la Mairie de Biarritz en refusant de revoir le nom du quartier, ainsi que celui de la rue de La Négresse, adopté en 1986.

La cour administrative d’appel de Bordeaux doit trancher sur cette affaire délicate le 6 février 2025. Sa décision pourrait être un précédent important pour d’autres lieux aux noms controversés en France.

Les avis divergent

La controverse divise la population de Biarritz et les observateurs extérieurs. Corine Martineau, conseillère municipale d’opposition, s’oppose fermement à un changement de nom. Pour elle, le quartier de La Négresse représente une partie de l’identité biarrote : « Ce n’est pas juste un nom, c’est une histoire. »

D’autres, en revanche, considèrent que les termes historiques doivent être réévalués à la lumière des valeurs actuelles. Pour eux, la dignité humaine doit primer sur la conservation d’un patrimoine linguistique qui pourrait être offensant.

Une réflexion plus large

Cette affaire s’inscrit dans un contexte global où de nombreux lieux publics, noms de rues et monuments font l’objet d’un examen critique. Partout dans le monde, des citoyens et des organisations appellent à la décolonisation des espaces publics et à une représentation plus inclusive des mémoires collectives.

Le débat autour du quartier de La Négresse n’est donc pas isolé. Il illustre les tensions entre la préservation de l’histoire et la nécessité de respecter les sensibilités modernes. Quelle que soit la décision de la cour administrative d’appel, elle laissera une empreinte durable sur la manière dont nous abordons notre passé commun.

Entre histoire et modernité

Alors que le 6 février 2025 approche, Biarritz retient son souffle. La décision judiciaire apportera une réponse, mais le débat, lui, continuera sans doute d’alimenter les conversations bien au-delà des frontières de la ville. Que ce soit pour préserver une page d’histoire ou pour défendre la dignité humaine, cette affaire nous invite à réfléchir sur la façon dont nous construisons notre identité collective dans un monde en évolution.

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