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Alimentation : En cas de catastrophe, Paris ne pourrait nourrir ses habitants que durant « cinq à sept jours »

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Paris face aux crises alimentaires : Peut-on vraiment nourrir la capitale en cas de catastrophe ?

Les lumières de Paris brillent chaque nuit, illuminant les rues pavées, les monuments iconiques, et la vie de millions de ses habitants. Mais que se passerait-il si soudainement cette ville envoûtante se retrouvait coupée du monde, si ses voies d’approvisionnement étaient rompues ? Comment la capitale pourrait-elle nourrir ses habitants ? Ce scénario, qui semblait autrefois digne d’un film de science-fiction, est devenu une réalité à considérer sérieusement.

En 2022, la mairie de Paris, en collaboration avec la préfecture, a initié une « stratégie de résilience » pour mieux comprendre et anticiper de telles crises. De cette initiative est née une étude inédite en France, réalisée par l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur), qui met en lumière les limites alarmantes de la capitale en matière d’autonomie alimentaire.

Une autonomie alimentaire limitée : Les chiffres alarmants

Paris, ville de plus de deux millions d’âmes, ne disposerait que de cinq à sept jours de réserves alimentaires en cas de catastrophe. Ce chiffre, révélé par l’étude de l’Apur, suscite de nombreuses interrogations. Chaque jour, pour nourrir l’ensemble des Parisiens, il faudrait l’équivalent de 6,5 millions de repas, soit un total impressionnant de 3 090 tonnes de denrées alimentaires.

Cette estimation repose sur plusieurs sources d’approvisionnement : Les réserves personnelles des habitants, les stocks des commerces et ceux de la restauration collective, ainsi que les entrepôts de logistique alimentaire. Selon les projections, les Parisiens pourraient compter sur une autonomie allant de 1,5 à cinq jours en fonction des stocks présents dans les foyers et les magasins.

Une rupture de stock en perspective : Pourquoi Paris est vulnérable ?

Le système actuel repose sur des flux de ravitaillement quotidiens plutôt que sur une logique de stockage. Pendant la pandémie de Covid-19, de nombreux supermarchés ont vu leurs rayons se vider, révélant la vulnérabilité d’une ville qui ne détient que peu de réserves. Alexandre Labasse, directeur de l’Apur, souligne que cette dépendance au flux d’approvisionnement est « à l’opposé de la logique du stock » qui avait jadis caractérisé les premières civilisations.

L’étude souligne également la perte progressive des infrastructures de stockage dans la ville, notamment avec la fermeture de lieux tels que les Grands Moulins. Cette situation complique la capacité de la capitale à se prémunir face à des événements inattendus, qu’il s’agisse de blocages ferroviaires ou routiers, voire de catastrophes naturelles.

Scénarios de résilience : Vers un Paris autonome pour 100 jours ?

Face à ces constats préoccupants, la mairie de Paris ne reste pas passive. Elle envisage de renforcer l’autonomie alimentaire de la capitale, avec pour ambition d’atteindre une résilience de 100 jours. Parmi les pistes étudiées, l’idée de reconvertir certains espaces urbains en entrepôts de stockage est en cours d’évaluation. Des parkings désaffectés, autrefois inutilisés, pourraient ainsi devenir des « greniers » modernes, prêts à stocker des denrées en cas de besoin.

Un autre projet ambitieux consiste en la création d’un « Rungis bis ». Ce nouveau centre de stockage alimentaire, situé au nord de Paris, permettrait de garantir un approvisionnement constant en cas de coupure entre le nord et le sud de la ville, notamment en cas de crue de la Seine. Ce deuxième Rungis deviendrait une pierre angulaire de la résilience alimentaire de Paris, offrant un accès direct à des stocks alimentaires stratégiques.

Comment Paris pourrait-elle inspirer d’autres villes ?

Ce modèle de résilience, s’il est mis en œuvre avec succès, pourrait devenir une référence en matière de sécurité alimentaire pour d’autres grandes métropoles. En reliant les efforts publics et privés, et en impliquant les citoyens dans des pratiques de stockage alimentaire personnel, Paris pourrait servir d’exemple pour les villes du monde entier. En effet, l’alimentation est l’un des piliers de la survie humaine, et chaque grande agglomération doit aujourd’hui réfléchir à sa capacité à faire face aux crises.

Prévoir l’imprévisible pour protéger l’avenir

La question de Laura est légitime. Si une catastrophe se produisait demain, Paris pourrait-elle vraiment nourrir ses habitants ? Grâce aux efforts conjugués de la mairie, de l’Apur, et de la préfecture, la capitale prend conscience de ses vulnérabilités et se dote de plans concrets pour les combler. Mais le chemin vers une résilience totale est encore long.

La résilience alimentaire de Paris n’est plus une utopie. C’est un défi de taille, mais qui pourrait bien faire de la Ville Lumière un modèle pour les autres métropoles en quête de sécurité et d’autonomie. Parce que dans un monde incertain, préparer l’avenir, c’est aussi garantir l’essentiel : La possibilité de nourrir chaque citoyen, même en cas de crise.

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